Ce mercredi, deux journalistes en
ligne manquent à l’appel devant le tribunal de Rabat au Maroc. Hicham
Mansouri et Abdessamad Ait Aicha (Samad Iach) sont à Paris et témoignent
de leurs conditions de travail en tant que journalistes d’investigation
au Maroc.
Pour nombre de journalistes marocains,
internet est une mine d’or en termes d’informations. Accessible et
rapide, il donne accès à un nombre incalculable d’informations. « Presque tous les citoyens marocains sont en ligne et publient des informations rapidement qu’il est facile de relayer »
explique Hicham Mansouri. Source d’information à laquelle il font
confiance, internet est le média le plus utilisé par les jeunes (entre
18 et 24 ans).
Les réseaux sociaux ont aussi leur importance: Facebook est très populaire et utilisé par un nombre très important de marocains. Quant à Twitter, il est considéré comme un outil important par Samad Iach qui affirme cependant qu’il reste moins utilisé que d’autres réseaux sociaux.
Les réseaux sociaux ont aussi leur importance: Facebook est très populaire et utilisé par un nombre très important de marocains. Quant à Twitter, il est considéré comme un outil important par Samad Iach qui affirme cependant qu’il reste moins utilisé que d’autres réseaux sociaux.
Ces réseaux sociaux sont le terreau de
nombreux mouvements protestataires à commencer par le Mouvement du 20
février (en 2011) connu également sous le nom de « Printemps arabe ».
En plus de rassembler et d’informer, les médias sociaux et les journaux
en ligne mettent en évidence les dérives du gouvernement marocain.
Hicham Mansouri rappelle que lors des manifestations récentes contre le
parti des islamistes, les réseaux sociaux ont dévoilé que ces
manifestations avaient été montées de toutes pièces.
L’activisme en ligne marocain a également permis le réemprisonnement de Daniel Galvan, pédophile et espion libéré par le roi.
Réelle opportunité en termes
d’investigation, les journalistes marocains rappellent qu’internet est à
utiliser avec précaution. Depuis ces mouvements contestataires de 2011,
les contraintes du journalisme en ligne se sont, en effet, endurcies au
Maroc: plus surveillée, l’utilisation de ces médias peut s’avérer
dangereuse. Hicham Mansouri et Samad Iach ont été inquiétés par le
gouvernement marocain à cause de leurs pratiques journalistiques sur
internet. Voulant promouvoir ce qu’ils appellent le « journalisme
citoyen », ils ont mis en place une application smartphone accessible,
où tous pouvaient rendre compte de l’actualité du Maroc. Ils ont alors
été accusés « d’atteinte à la sûreté intérieure de l’Etat », les
autorités estimant que le journalisme citoyen est susceptible d’ébranler
la confiance des marocains en leur institution. Selon Amnesty
International, l’objectif de cette accusation est « la répression de la
liberté de la presse ». Une représsion qui va en grandissant si l’on en
croit un article de L’Obs datant de 2015. Il y est écrit que Mustapha El
Khalifi, ministre de la communication au Maroc (et islamiste) avait
pour projet de réformer le code de la presse et de criminaliser
certaines pratiques journalistiques. Une criminalisation du journalisme
en ligne qui est loin d’être la première: Ali Anouzla, fondateur du site
Lakome, a été arrêté après avoir publié sur son site une vidéo
d’Al Qaïda appelant au jihad contre le Maroc et son roi. Inculpé, il
risque jusqu’à 20 ans de prison pour « aide matérielle, apologie du
terrorisme et incitation au terrorisme».
Le Maroc semble donc reculer en termes de
libertés de la presse sur internet et les points positifs sont moins
nombreux que les négatifs. Les réseaux sociaux et certains sites en
lignes servent en effet à espionner les journalistes indépendants et
vérifier les contenus de ce qu’ils publient. La loi de 2002 sur la
presse donne droit au gouvernement d’arrêter toute publication portant
« atteinte à l’islam, la monarchie, l’intégrité territoriale ou l’ordre
public ». Un recul dans le respect des droits des citoyens marocains.
Marine Vazzoler
Plus d’informations sur les méthodes de travail des deux journalistes ici.
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