La carte et le territoire
De notre bureau de Bruxelles, Aziouz Mokhtari 23/10/2016
Espace Yehudi Menuhim, Parlement européen (PE), Bruxelles, les
huissiers, en nombre, arrivent à peine à contenir la colère des
eurodéputés contre la manipulation géographique de Giles Pargneaux et
Victor Pastinaru, lobbyistes, opportunistes et repus à la solde de
Rabat. Ce qui devait être une simple présentation d’une expérience
marocaine en énergie renouvelable, s’est transformé en véritable
incident politico-diplomatique.
Les eurodéputés, Mohamed Sidati, plusieurs représentants d’ONG, alertés, rapidement débarquent. Ceux qui ont des badges d’accès attendent, de pied ferme, la réponse du président de la Chambre basse de l’UE. Dehors, les associations s’impatientent. La réponse du Parlement européen tombe sous forme d’un communiqué cinglant.
Les eurodéputés, Mohamed Sidati, plusieurs représentants d’ONG, alertés, rapidement débarquent. Ceux qui ont des badges d’accès attendent, de pied ferme, la réponse du président de la Chambre basse de l’UE. Dehors, les associations s’impatientent. La réponse du Parlement européen tombe sous forme d’un communiqué cinglant.
«Le Parlement européen n’assume aucune responsabilité quant au contenu
et informations figurant dans cette exposition.» Les eurodéputés emmenés
par une jeune et fougueuse Espagnole exigent davantage et obtiennent,
rapidement, gain de cause. La partie Sahara occidental est «masquée» par
un auto-collant — de marque prestigieuse — et, de ce fait, la carte
géographique proposée par les Marocains devient indigeste,
ridicule. Finalement, c’est le drapeau marocain qui couvre l’ensemble de
l’œuvre géographique et plus, dès lors, de trace des territoires
sahraouis sur la carte. Première et grande victoire de Mohamed Sidati,
ministre représentant de la RASD et du Polisario en Europe.
Les europarlementaires obtiennent, encore, que Martin Shulz, président
de la prestigieuse Chambre du Vieux Continent, déclare recevable la
pétition que l’intergroupes «Paix pour le peuple sahraoui» a décidé de
lui transmettre. L’intergroupes est une instance européenne composée
d’eurodéputés de la majorité des coalitions (conservateurs, gauches de
gouvernement et gauches plus radicales, Verts, libéraux, communistes et
apparentés). Tous indiquent, en substance, que Fédérica Mogherini,
commissaire européenne chargée des relations extérieures, avait, en août
dernier, affirmé, sans ambages, que l’Union européenne ne reconnaissait
aucune paternité marocaine sur le Sahara occidental.
F. Mogherini, précisant que l’UE se rangeait totalement sur le consensus
onusien concernant le dossier (autodétermination des populations
sahraouies, référendum, parties au conflit identifiées, Polisario
et Maroc...). Pour rappel, l’ONU considère le Sahara occidental comme
des territoires non-identifiés, relevant de la doctrine des
Nations-Unies en matière de décolonisation...
La salle Yehudi Menuhim retrouve son calme, les europarlementaires
partent et le Sahara occidental est déconnecté du Maroc dans
l’exposition. Pourtant, l’après-midi, le communiqué complet du Parlement
européen rajoute une autre précision : «L’usage de cet espace (Yehudi
Menuhim, Ndlr) a été alloué sans frais à l’un de ses députés, en accord
avec les règles en usage.» Ce qui signifie que le président Martin Shulz
isole Giles Pargneaux, partie demanderesse de la salle, et n’endosse
pas son dépassement.
Pendant toute l’après-midi de ce jeudi 20 octobre, les huissiers et la
garde parlementaire avaient l’œil sur l’expo. Aucun risque de nouveaux
dérapages. Pargneaux rentre à la maison et Mohamed Sidati peut,
désormais, quitter l’enceinte parlementaire. Le Maroc ne régnera pas sur
le territoire sahraoui au Parlement européen, à Bruxelles.
A. M.
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