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mardi 14 juillet 2015

En prison pour un jus d'orange qui offense le ramadan !


Cinq jeunes Marocains sont embastillés à Marrakech pour avoir bu un jus d’orange le 6 juillet, place Djemaa el Fna. Accusés d’avoir violé le ramadan, ils passent en procès demain, mardi 14 juillet. Sacrée ambiance dans le royaume...
Marrakech, place Djemaa el Fna - Jonathan Player//REX/SIPA
Il faisait 48°C vers 15 heures, sous le cagnard de la place Djemaa el Fna. Les cinq copains avaient soif, ils ont bu. C’est simple comme la vie, non ? Pas du tout : c’est un outrage car nous sommes au mois de ramadan. Quelques délateurs — des marchands, des passants — se ruent donc vers la police pour signaler le crime commis par ces jeunes assoiffés, manifestement marocains. Les voilà coffrés à la prison de Marrakech, la sinistre centrale Boulmharez, en application de l’article 222 du code pénal qui interdit à tout musulman d’enfreindre le jeûne. Les défenseurs des droits de l’individu demandent son abrogation depuis des années. Ces gens-là ont du mérite : ils prêchent l’humanisme le plus élémentaire dans le vide sidéral d’un pays confit en dévotion irascible. Le royaume, dont on nous vante avec entrain les ébouriffantes réformes, est un enclos de soumission comportementale à des codes archaïques.
Injuriées et molestées parce qu’elles faisaient leurs emplettes en jupe, des jeunes filles d'Inezgane ont aussi eu un procèsL’affaire du jus d’orange de Marrakech succède ainsi à celle des jeunes filles d’Inezgane, près d’Agadir, le 16 juin dernier : injuriées et molestées au souk parce qu’elles faisaient leurs emplettes en jupe, elles aussi sont passées en procès. Leur libération, voici quelques jours, n’est due qu’à une énorme mobilisation des associations féministes dans tout le pays. Il y a eu ensuite le lynchage d’un jeune homosexuel, à Fès, le 29 juin : une foule agglutinée auprès du malheureux sorti de son taxi qui lui avait volé argent et portable. Le chauffeur criait « Travelo ! » pour ameuter la populace. L’homosexualité, ici, est passible de trois ans de prison. En ces temps de salafisation galopante, la criminalisation renforce le préjugé et la haine. Mais devant la vidéo du tabassage qui tourne en boucle, la justice recule et poursuit les agresseurs.
Pour l’affaire de lèse-ramadan, c’est autre chose. « Alors que près d’un millier d’avocats s’étaient portés candidats à la défense des jeunes filles en jupe d’Inezgane, personne n’ose plaider la cause des jeunes au jus d’orange en dehors de nos deux avocats et de celui trouvé par la famille » constate Omar Arbib, responsable de l’Association marocaine des droits de l’homme à Marrakech. Marianne avait déjà rencontré Omar Arbib lors des affaires récurrentes de prostitution d'enfants, fillettes et garçons. Dans le ventre sombre de la ville ocre grouillent la misère, la honte, le non-dit, la corruption (voir Marianne n°745 du 29 juillet 2011). Tout ce qui a forgé la victoire aux législatives de novembre 2011 des islamistes du PJD, le Parti de la justice et du développement. Les seuls islamistes au pouvoir dont, mystérieusement, personne ne semble s’inquiéter dans l’opinion internationale et surtout française. Pourquoi s’en faire puisque Sa Majesté les contrôle ? C’est devenu un dogme médiatique, relayé par toutes les complaisances.
Pourtant, sous la houlette d’Abdellilah Benkirane, le Premier ministre PJD, les islamistes se sont octroyés notamment les portefeuilles de la Justice et de la Communication. Mustapha Ramid, le ministre de la Justice, refuse catégoriquement la dépénalisation de l’homosexualité. Il défend avec acharnement le droit des imams à pondre des fatwas. Il attaque une chaîne de télévision pour avoir retransmis un concert à Rabat de la belle Jennifer Lopez, spectacle jugé « indécent ». Le dernier film de Nabil Ayouch, présenté à Cannes, Much love, qui retrace avec sensibilité et intelligence la tragédie des prostituées marocaines, est naturellement interdit.
Les serpents des forains sont moins dangereux que cette pulsion reptilienne qui a été déculpabilisée par l’obscurantisme religieuxC’est sur cette sinistre toile de fond que les cinq copains de Marrakech ont étanché leur innocente soif. Tout le monde n’était pas beau et gentil sur la place Djemaa el Fna. Les serpents des forains sont moins dangereux que cette pulsion reptilienne qui, comme à Inezgan et à Fès, s’est donnée libre cours, déculpabilisée par l’obscurantisme religieux. Les jeunes gens, venus de Rabat, raccompagnaient l’un des leurs vers l’aéroport d’où il devait rejoindre son père, journaliste marocain installé au Qatar. Pouvaient-ils seulement imaginer qu’un verre de jus les conduirait au cachot ?
« En réalité, l’affaire n’est pas surprenante, la pression du ramadan augmente d’année en année, explique Siham Chitaoui, animatrice avec Ibtissem Lachgar du Mouvement alternatif pour les libertés individuelles (MALI), C’est en 2009 que nous avions organisé notre premier pique-nique public de déjeûneurs du ramadan pour affirmer le droit de manger en public ce mois-là. A l’époque de mes parents, le problème ne se posait absolument pas ! »
Ce grand bond en arrière pour un pays qu’on nous dit poussé vers l’avant par son souverain se traduit ainsi, au quotidien, par ces oukazes jaillis à la fois du code pénal, de l’aveuglement religieux, de l’ignorance (une femme sur deux est analphabète) et du conditionnement des esprits favorisé par le pouvoir islamiste. En profondeur, le salafisme chemine dans un pays déjà éprouvé par les attentats de Casablanca du 16 mai 2003 et celui du café Argana, à Marrakech, le 28 avril 2011. Cette semaine, le magazine américain Foreign Policy s’inquiète des visées de Daech contre la stabilité du royaume. D’où la tentation de Mohammed VI et du PJD d’en remettre dans l’observance outrancière. Alors, même s’il existe une contre-société vigilante et moderne — on l’a vue dans la rue pour défendre les jeunes filles en jupe — est-elle de taille contre ce rabotage des cerveaux ? Va-t-elle se mobiliser le 14 juillet devant le tribunal de Marrakech ?
En attendant, en ce pays de vacances, étancher sa soif ces jours-ci est un crime.  
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    Par Aziz Akkaoui, 17/7/2015
A Marrakech 5 mecs -qui ont pignon sur rue-bouffent du ramadan en plein Jamaa Lfna sont condamnés à 2 mois avec sursis! 

A Lhoucima 2 mecs - roturiers- bouffent du ramadan dans une foret écopent de 2 mois ferme ! 


Comme quoi la politique de 2 poids 2 mesures est aussi une particularité marocaine!
     

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