Lettre à une embastillée
Wafa Charaf
Ecrou no 92694
Prison Civile de Tanger
Avenue Moulay Rachid
90000 Tanger Maroc.
Chère Wafa, ou dirais-je honorable camarade, embastillée pour ses idées et pour son courage.
Je prends le temps aujourd’hui de t’écrire ce petit message.
Il me semble vital, quand on se retrouve derrière les barreaux, que
celles et ceux qui croient en nous, en notre combat, nous expriment avec
les moyens dont ils disposent leur solidarité.
Cette solidarité irrigue l’espoir. Elle atténue la violente souffrance qu’engendrent l’injustice et la privation de la liberté.
Je suis persuadé chère Wafa que ton « embastillement » ne change rien
pour toi et surtout pas l’essentiel : tes qualités humaines, ta
vitalité et ton énergie.
Chère Wafa, tu as « osé », comme l’a exprimé mon ami Mustapha
Kharmoudi, exprimer ta citoyenneté, et parler des petites gens, de ces
femmes marocaines peu lettrées qui se faisaient exploiter par des
multinationales qui les embauchent pour une bouchée de pain de façon à
faire le plus gros profit tout en donnant un gros coup de pied dans le
droit du travail.
Par ton engagement, tu as été cette « fenêtre sur une vie digne »
pour ces êtres assujetties dans leurs vies : sujets d’un régime
monarchique aveuglé par le profit personnel, sujets d’une société
sclérosée et parfois inhibant, sujets d’une structure familiale
archaïque et pour finir sujets de leurs employeurs !
Et par ça tu es une fierté pour ces sans voix, pour ces interdites de cité !
Ton « embastillement » se veut te voler une année de ta vie !
Sois en sûre Wafa, aucun souffle de toi, aucune seconde de ton
existence de l’autre côté des murs, ne sera perdue. Ils seront versés
dans l’histoire de celles et de ceux que tu défends.
Tu es entourée et tu le seras encore par la force que tu insuffles à
ceux qui croient en toi ! Tu as voulu la justice pour ces femmes, tu es
devenue l’expression de la justesse de leur combat !
Je t’avoue Wafa, avec cette première lettre, je suis tourmenté par
un sentiment de rage contre ces atteintes à un droit fondamental, celui
de manifester le refus de l’arbitraire qui dure malgré les discours sur
le changement et sur le respect des libertés.
Mais la voie est tracée. La voie vers la dignité humaine, la voie
vers la liberté, la voie vers la justice sociale, la voie vers l’humain
d’abord que tu montres avec courage et persévérance.
365 jours ne seront pas à retirer de ta vie dont l’honneur est le symbole.
Ils se rajouteront à la victoire de toutes ces femmes, travailleuses,
militantes, mères ou tout simplement des êtres qui brisent les chaines
de l’exploitation.
Be Free Wafa !
Je ne pourrais pas le dire mieux que le chanteur J Cole dans son « Be Free »
Tout ce que nous voulons faire est de briser les chaînes
Tout ce que nous voulons c’est être libres
All we want to do is take these chains off
All we want to do is break the chains off
ALL WE WANT TO DO IS BE FREE
ALL WE WANT TO DO IS BE FREE
https://www.youtube.com/watch?v=uF1HpYipSuYMohamed BENTAHAR
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