Blog de SSbiti, 3/3/2012
Jeudi 1 Mars. Le soleil est d’aplomb et il fait beau. Au vu de ce temps où il ferait bon pour chaque être libre de ses droits, que de se promener, on s’amuserait à dire que les taupins que sont les élèves de classes prépas seraient probablement casés dans leur repère entrain de s’acharner sur quelques séries d’exercices. Mais non. Il n’en est rien. Les dits étudiants sont dehors. Pancartes à la main, et slogans à la bouche. Ils scandent de toute leur force. Un peu comme ont pu leur faire, d’autres diplômés chômeurs. D’autres étudiants marginalisés provenant de facultés. Les taupins le font aussi. Certains d’entre eux se demandent ce qu’ils font là, mais restent quand même. D’autres, en sont à leur première manifestation. D’autres apolitiques se voient pour la première fois, présenter une revendication. Timide qu’ils sont, ils gardent pourtant la tête haute et scandent ce qu’ils ont à dire pour défendre la cause pour laquelle tous les PSI du royaume se sont mobilisés, certains acceptant même le déplacement jusqu’à Rabat qui fut loin d’être confortable.
Sur les pancartes qu’ils tiennent, on peut lire les répliques suivantes : “Les PSI entre le marteau du CNC (Concours national commun) et l’enclume du DFC (Direction de la formation des cadres) “ ou encore: “Les étudiants des classes préparatoires option physique et sciences de l’ingénieur demandent à ce que des places supplémentaires leur soient accordées dans les écoles supérieures classiques d’ingénierie”, résumant ainsi leur revendication majeure. En effet, la publication de la notice se rapportant au nombre de places disponibles aux grandes écoles a suscité le mécontentement et l’indignation des étudiants de cette branche vu le maigre pourcentage qui leur est attribué. Et après plusieurs tentatives infructueuses, ces étudiants se sont retrouvés dans l’obligation de manifester.
En face d’eux des forces de l’ordre. Quoi de plus normal pour un sit-in, cela même s’il est pacifique et qu’avec ces jeunes, il ne risque assurément pas d’avoir risques de quelconque débordement. Ce qui n’est pas normal, et qui dépasse de très loin l’entendement c’est que subitement, contre toutes attentes, les dites milices puisse lancer leur offensive, sans pitié. Ce qui fut hélas, le cas. Par je ne sais quel ordre venu d’en haut la répression violente et agressive des forces sensés maintenir l’ordre put commencée. Mais pourtant comme le témoigne si bien, une toute jeune étudiante en classes préparatoires : Nous étions soucieux à ce qu’aucun acte de vandalisme ne soit fait, ne serait-ce que se tenir sur la chaussée, pour éliminer toute condamnation possible. C’est ainsi sous les cris de filles qui n’ont, au grand jamais, cru pouvoir vivre un moment de la sorte, qu’une vingtaine de policiers armés en matraques purent rouer de coups les futurs ingénieurs qui sont sensés être la crème du pays, et les bâtisseurs de leur avenir, et le nôtre aussi.
Victimes de ces coups, étaient des étudiants, des jeunes filles et garçons qui -étant donné la dureté de leur travail- en sont pour la plupart à l’une de leur première sortie de ce genre. Une sortie non pas pour une quelconque recherche de livres et manuels ou même encore pour se détendre après quelques finaux. Non pas cela. Mais il était question là, d’une sortie d’un tout autre genre, celle où pour la première fois, ils allaient s’enquérir de leur droit le plus élémentaire. Le savoir et l’éducation. Le tout pour assurer leur cursus et pouvoir non pas se servir, mais servir cet Etat même dont ils sont victimes. Piètres encouragements sont ainsi donnés à nos futurs ingénieurs.
A partir de là, quelques points sont à éclaircir :
Si aussi ceux qui ont durement étudiés en viennent à sortir dans la rue, pour exprimer leur mécontentement d’un système éducatif dont ils n’en sont toujours pas sortis, cela veut dire que nous sommes encore à des années lumières de changements. De confiance aussi. Ça, est d’une part.
D’autre part, que ce droit de manifester se voit bafouillé de la sorte, c’est-à-dire ; sauvagement et par des coups de matraques, pareils à ceux que l’on assènerait pour un hors-la-loi, cela veut aussi dire que tout reste à faire, que tout reste à dégager.
L’Etat au semblant « démocratique » dans lequel nous vivons, et où il est tout à fait légitime de manifester pacifiquement, voire encore où il est souhaitable que de sortir dans les rues pour de nobles causes, telles que celles du savoir et de l’enseignement, cet Etat même démontre toute sa médiocrité. Il se retrouve encore une fois et ce n’est pas la première, dans une situation criminelle. En souillant les principes de démocratie dont il prétend se vanter, il se fait délinquant de son propre pays. Celui qui n’est toujours pas capable de respecter sa propre constitution, bout de papier qu’il a pourtant fait passer par tous les moyens. Faisant fi de toutes oppositions.
Il faudra aussi surenchérir que si Monsieur LahcenDaoudi, actuel ministre de
l’enseignement supérieur et grand habitué du verbiage, pouvait réjouir plus d’un avec ses rocambolesques interventions au temps défunt de ses années d’oppositions, il ne se fait remarquer là que par sa totale inaction et désintérêt face à la situation qui se pose devant lui, impliquant l’une des plus prestigieuses écoles de classes préparatoires du Maroc. Un désintérêt qui ne peut qu’entacher une confiance qu’il se doit de gagner auprès de ses électeurs, et plus encore auprès des centaines de milliers d’étudiants qui souffrent continuellement du certain malaise et laisser-faire régnant au sein du système éducatif marocain. Cela est des facultés de sciences et de lettre jusqu’à –comme il est le cas ici- les classes préparatoires. Plus personne n’est épargné.
Pour l’instant, en guise de soutien, ce n’est que Union Nationale des Professeurs Agrégés qui a pris la peine de sortir un communiqué demandant, avant tout, la réponse immédiate aux revendications des jeunes ainsi que l’ouverture au plus vite d’une enquête concernant les circonstances de la répression qui a engendré un nombre considérables de blessés au sein de l’effectif des jeunes étudiants en classes préparatoires.
Pour rappel, la plupart des jeunes dont il est question sont à un âge ne dépassant par la vingtaine d’années et qui sont, très loin même, d’être de grands habitués de quelconque violence policière qu’elle soit. Alors, il serait bon, et ironiquement bien sûr que de leur souhaiter la bienvenue dans cette boucle éternelle de la tyrannie et de la 7ogra, qui n’est las de constater, pas prête que s’acheminer vers son déclin.
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