par Mohammed Belmaïzi, 18/11/2011
Les sociétés, du Maroc à la Syrie, connaissent aujourd’hui une extrême tension, au moment où les peuples se soulèvent pour réinventer leur destin. Après avoir été maintenus en dehors de l’Histoire, ces peuples occupent la rue en donnant une solide légitimité à leur contestation. Et désormais, une nouvelle grille de lecture s’impose pour donner un sens inattendu au rapport entre les pouvoirs institués, autoproclamés (Présidents à vie, Partis uniques ou Monarchies despotiques) et la société civile. Les peuples, dans un formidable élan, visent clairement l’accession à la modernité, à la vie digne, à la liberté et à la démocratie. Ces valeurs, fondements et ossatures des pays démocratiques (toujours à parfaire) deviennent forcément un socle commun pour toute l’humanité.
Le Maroc n’est pas une exception, comme tentent de le crier sur les toits, ses officiels, ses élites et ses partis politiques obséquieux et courtisans. Les mouvements contestataires qui manifestent depuis le 20 février continuent à revendiquer des changements significatifs et non cosmétiques. Le Mouvement du 20 février a fait irruption dans la scène politique en remettant en question la gouvernance sans éthique, et la déliquescence des partis politiques scandaleusement chantres de l’immobilisme dégradant. Leurs meilleurs représentants sont ameutés en une offensive de charme, pour convaincre les chancelleries occidentales et européennes, que le peuple marocain ne peut mériter une authentique démocratie. D’ailleurs l’observateur n’a de cesse de noter que ces partis courtisans et ces élites avilies, ont toujours rejeté la refonte de la Constitution. La Constitution qui a été « révisée » par une Commission de 18 experts, désignée par le roi en un temps record, a été soumise au référendum dans un temps record (début juillet). Et voilà qu’on croit nous seringuer d’autres élections en un temps record, sans changement de fond. Cette précipitation troublante et inconnue dans les pays démocratiques, s’oppose brutalement, et déjà avec tous les moyens (quand ce n’est pas la répression des forces de l’ordre : 13 mars – 22 mai et 29 mai, soldés par mort d’hommes et blessés graves, condamnée par l’Union Européenne, cela se transforme en corruption des humbles citoyens payés pour venir applaudir le discours du roi, ou s’opposer violemment aux manifestants) aux aspirations du peuple marocain. Ces méthodes d’un autre âge augurent mal d’une quelconque stabilité ou d’un changement décisif, et encore moins d’un projet de société lié à un réel contrat social.
C’est pourquoi, cette Constitution octroyée est définitivement refusée par nombre de Marocains qu’on croit bâillonner pour étouffer leur argumentation à son égard. Une Constitution « Mon-Bon-Plaisir », où le roi, monarque de droit divin, concentre tous les leviers du pouvoir. Roi entouré des partis politiques monopolisés par des caciques qui pillent notre pays et font de la corruption et de l’impunité, la valeur qui les maintient à la représentation dans les Chambres. Les privilèges qui régissent les rapports entre le roi et ces partis politiques, font d’eux l’ossature d’un étrange Parti Unique.
Boycotter cette mahzala, le 25 novembre, c’est donc refuser le Parti Unique fondé par le roi et sa clique soudés aux partis traditionnels qui ont profité des Parlement durant des décennies, avec des salaires faramineux.
Je boycotte, donc j’existe !
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