par Mohammed Belmaïzi, 14/9/ 2011, Les Révolutions en marche
Moustapha Abdeljalil, le chef du CNT (Conseil National de Transition) vient d’annoncer que la Libye sera soumise à la loi islamique, la Chariâa. Prenant de court tout le monde, en remettant toute l’aide de l’OTAN à rude épreuve, il a le culot de préciser qu’il s’agit de l’islam modéré.
La logique s’attendait à ce que le CNT suive sa feuille de route et pose les jalons d’une « Transition » qui exige la liberté d’expression et la préparation des élections en vue de l’instauration d’une authentique démocratie.
Mais Moustapha Abdeljalil, qui était ministre de la Justice sous le régime de Kaddafi, embourbé déjà dans des affaires comme la condamnation des « infirmières bulgares », ainsi que son rôle dans les « tribunaux révolutionnaires », vient de se proclamer leader incontournable trônant en tant qu’autorité suprême de la Libye.
Nicolas Sarkozy qui interdit le voile et la bourka dans son pays, la France (devenu président en partie en s’appuyant sur l’islamophobie), vient, lui, de faire avancer en catimini la preuve, que les bougres arabo-musulmans et leurs révolutions actuelles ne peuvent évoluer que dans le fanatisme et la théocratie.
C’est là que la politique politicienne va prendre son essor, pour convaincre les Révolutions de nos peuples, que les courants islamistes sont là pour tout torpiller (alors que ces courants ont été bellement dépassés par le souffle des jeunes et de la modernité). Ainsi il est aisé de semer les préjugés primitifs qu’il n’y aura rien à tirer de ces Révolutions, et que ces peuples sont condamnés éternellement à la soumission et au fanatisme fondés sur leur religion. Et à ce titre, il suffit de rappeler le « savoir faire français » qu’on allait envoyer à « l’ami » Ben Ali, le pov’type qui a dégagé. Ces analyses ridicules prouvent que les occidentaux, et notamment les intellos français tel que BHL et compagnie, sont loin de saisir le noyau de l’Histoire qui rugit.
Car, on oublie de noter que l’inauguration des soulèvements des peuples arabo-musulmans sous nos yeux, n’a pas commencé avec Bouazizi, mais bel et bien en Iran en 2009. Si la révolte iranienne avait tourné autour d’un faux motif (la falsification des élections), la prochaine irruption qui viendra certes juste après l’écroulement de la Syrie de Bachar Assad, aura pour objectif « la chute de la République Islamique ».
Par ailleurs, où sont les « jeunes » libyens qui ont commencé la révolution ? Il est à prévoir qu’ils n’avaleront jamais cette couleuvre et qu’ils reviendront pour combattre et finir leur révolution…
On ne peut neutraliser un dictateur pour mette à sa place un autre. Une dictature ne pourra jamais cacher une autre, lorsque les peuples sont armés de principes solides tels que « liberté » ; « justice » ; « dignité ».
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Combat féministe : Libye :
comment plomber une révolution...
Par Jocelyne Clarke, 15/9/2011
En Libye, le coup d’État programmé et la guerre du pétrole écrasent les libertés du peuple, les batailles claniques s’exacerbent et les droits des femmes s’éloignent : la charia, la revoilà.
Cherchez l’erreur…
Voici quelques mois, l’actuel président du Conseil National de Transition, déclarait souhaiter l’instauration d’« un État libre, démocratique, fondé sur des institutions gouvernementales sans caractère ni nature religieux ».
Aujourd’hui, Mustapha Abdeljalil annonce que la religion sera « la principale source de la législation » du pays.
Femmes en République islamique :
Si nul n’ignore que la Libye est de religion majoritairement musulmane, tout le monde sait que la charia prévalente va assombrir la vie du peuple libyen et surtout aggraver la situation des femmes.
Qui peut imaginer que la future Constitution portera l’égalité femmes-hommes ?
Qui peut ignorer ce que va devenir l’école mixte et obligatoire ?
Une seule femme siège au Conseil de transition actuel, combien seront-elles d’ici quelques jours, quand le gouvernement sera formé ?
Des amis de longue date :
La France de N. Sarkozy a été le premier pays à reconnaître le C.N.T. libyen ; pourquoi le 11 mars à Bruxelles, la Bulgarie a-t-elle immédiatement condamné cette validation par la France ? Parce que, a déclaré le premier ministre, « dans ce Conseil, il y a des gens qui ont torturé nos infirmières » et qu’ils ne peuvent être politiquement fiables. Qui sont les personnes visées qui représentent actuellement les « rebelles » dans le Conseil de transition libyen ?
Probablement le général Abdel Fattah Younis surnommé à Sofia le « tortionnaire en chef » à cause des actes de torture — viols, électrochocs, morsures de chiens — commis par ses hommes pour faire parler les infirmières accusées alors d’avoir transmis le virus HIV.
Idris Laga également, mais aussi ce même Mustapha Abdeljalil qui veut aujourd’hui instaurer la charia, ministre de la Justice sous Khadafi de 2007 à 2011, auparavant président de la Cour d’appel de Tripoli où par deux fois, il a confirmé la peine de mort des infirmières bulgares.
Celles-ci avaient été libérées après des années d’emprisonnement, après de lourdes transactions financières et des interventions européennes.
La nouvelle équipe a donc de quoi inquiéter. Elle s’est déjà illustrée par le passé. Pour ce qui est du présent, voilà qu’un rapport d’Amnesty International pointe les crimes de guerre et les violations des droits de l’homme commis par les « rebelles ». Alerté par ces conclusions, le CNT ne souhaiterait pas diligenter d’enquête indépendante sur le sujet et ne chercherait pas à prendre des mesures contre les responsables des exactions.
À cela, Amnesty ajoute un « climat de racisme et de xénophobie » à l’encontre des Libyens noirs venus d’Afrique subsaharienne.
Maintenant, la charia vient contrarier les désirs de démocratie, de liberté et d’égalité du peuple libyen. À suivre…
On dit que N. Sarkozy va se rendre en Libye et parler à Benghazi, place de la Liberté : place de quoi ?
http://www.gaucherepublicaine.org/respublica/libye-comment-plomber-une-revolution/3575
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