Par Mohamed Hifad, 3/5/2011
L’attentat de Marrakech :
terrorisme d’Etat ou début d’une révolution armée ?
A propos de l’attentat de Marrakech du jeudi 28 avril 2011, l’hypothèse d’une action de la Jihadia Islamia au Maroc et de la Qaïda semble exclue dans la mesure où la première l’a fermement condamné ayant payé injustement un lourd tribut pour les attentats du 16 mai 2003 à Casablanca et la deuxième ne l’a pas revendiqué comme elle a l’habitude de faire.
Nous privilégions donc deux hypothèses d’explication :
Première hypothèse :
Il s’agirait d’un terrorisme d’Etat à la manière dont les services secrets égyptiens ont commis l’attentat de l’église copte en faisant des dizaines de morts pour opposer les chrétiens et les musulmans et détourner l’opinion publique par quelque chose de très fort des vrais problèmes posés par les manifestations de la rue, les discréditer aux yeux des puissances occidentales et attirer leur sympathie et solidarité pour le régime contesté. Cet attentat de Marrakech veut également assimiler les manifestants du mouvement du 20 février à de vulgaires terroristes qui tentent de déstabiliser le pays. La place choisie est celle de la libération (sahat attahrir ) pour la section marrakchie du mouvement du 20 février. Le café choisi porte le nom d’ « ARGANA » et rappelez vous que c’est le nom que nous avons donné à notre révolution à savoir la révolution de l’arganier (=argana en arabe dialectal et targante en tachelhit). Le nombre supérieur d’étrangers présents au moment du déjeuner etc , tout indique que c’est le mouvement du 20 février qui est ciblé par cet attentat . Le moment choisi est similaire à celui des attentats du 16 mai 2003 à Casablanca, à celui discours royal du 9 mars 2011, c’est-à-dire à chaque fois que le régime se trouve dans une impasse dangereuse et ce genre d’actes permet justement de débloquer la situation par quelque chose de percutant pour arracher de force les citoyens(ennes) à cette réalité sociale, économique et politique défavorable au régime. Depuis l’existence de la Qaïda , c’est une aubaine pour les Etats du monde entier qui mettent sur le dos de cette organisation bien des crimes politiques crapuleux et des jugements expéditifs. Ce stratagème a fonctionné lors des événements du 16 mai 2003 à Casablanca et les Islamistes en ont payé injustement une lourde facture. Le discours du 9 mars 2011 a devancé de grandes manifestations où les revendications du mouvement du 20 février auraient pu être revues à la hausse. L’attentat de Marrakech a devancé la grande manifestation du premier mai 2011 qui , ajoutée à celle du mouvement du 20 février, seraient extrêmement dangereuses dans un environnement nord-africain en pleine ébullition…Cet attentat a brisé à coup sûr ces manifestations et la colère du peuple enchaîné . Les chaines nationales sur ordre du Makhzen ont mis l’accent sur l’attentat de Marrakech et ce n’est que la chaine Al Jazira qui a mis en relief les manifestants du mouvement du 20 février. Le pouvoir veut assimiler au terrorisme le mouvement du 20 février à la manière de Moubarak, de Kadhafi et de Bachar Al Assad et surtout par la mort en majorité de ressortissants étrangers car il cherche à impliquer, dans le conflit qui l’oppose au peuple, les puissances occidentales et s’attirer leur sympathie et solidarité. Pour bien mener les investigations, il faut que l'ONU nomme, en parallèle, une commission internationale d’experts neutres où il n’y a ni Marocains ni Français pour atteindre la vérité d’une manière objective et juste.
Deuxième hypothèse :
Nous savons que le mouvement du 20 février est composé de plusieurs groupes de sensibilités politiques et idéologiques diverses. Il n’est logiquement pas exclu , comme dans tout groupement humain, qu’il y ait un petit groupe réaliste et pragmatique, qui opterait pour la violence pour répondre à celle du Makhzen omniprésente depuis cinq décennies . Il opterait pour la lutte armée face au déni irresponsable du Makhzen opposé aux revendications légitimes du mouvement du 20 février toutes composantes confondues et de la quasi majorité du peuple marocain. Le Roi a délimité, d’une manière unilatérale , en sept points dans son discours du 9 mars 2011 ce qu’il veut bien céder de son pouvoir absolu tel qu’il est laissé par la dictature de son père. Il a nommé sa commission constitutionnelle, a ordonné à ses associations, ses organisations non gouvernementales, ses syndicats, ses partis et son parlement de lui faire leurs propositions pour la révision de la constitution, entendre par là ses propres propositions qu'il leur aura distribuées auparavant selon la fameuse formule de "taâlimates samiya", les hautes directives d'en haut. Dans la rue il y a les partis interdits Al Adl Wa Al Ihsan et le Parti Démocratique Amazigh, les partis autorisés Annahj Addimoukrati et le Parti de la Gauche Unie, l’AMDH , les Associations des immigrés qui n’acceptent pas la tutelle du Makhzen, les intellectuels et les jeunes du mouvement du 20 février. Tout ce beau monde est exclu par le discours du Roi qui ne fait que parler à lui-même à travers les acolytes de son régime. Tout ce beau monde fait semblant que tout va bien et une tapageuse campagne médiatique et diplomatique bat son plein. Il est déjà question des listes électorales, du referendum, des élections législatives de 2012 et certains chefs de partis se frottent les mains et se voient déjà premiers ministres avec le fameux pouvoir élargi octroyé gracieusement par Sidna , ce qui donne un bon appétit à tout ce beau monde et le grand oublié , c'est-à-dire le peuple , il le demeure car il s'est oublié lui-même et il a bradé sa souveraineté il y a bien longtemps au point qu'il en est devenu un véritable handicapé bien à plaindre en ce moment crucial de son Histoire. Nous nous retrouvons brusquement dans une campagne de Hassan II à l’identique et nous assistons impuissants à l'avènement d’une nouvelle dictature au Maroc avec des méthodes plus subtiles mais elle n’en reste pas moins une véritable dictature et plus dangereuse encore dans le contexte social, économique, environnemental et politique. Les manifestants exigent une nouvelle constitution , une commission constitutionnelle issue du peuple , indirectement la reconnaissance au préalable des associations , des coopératives et des partis interdits etc. Il se peut donc que cette intransigeance du palais puisse excéder certains et les pousser malheureusement malgré eux à opter pour la révolution armée. La place choisie est symbolique, le nom du café constitue clairement la signature des auteurs. L’acte en lui-même est un avertissement pour le palais et ses alliés occidentaux : comme du temps de la résistance armée , on frappera là où cela fait mal au pouvoir et aux occupants pour les inviter au dialogue d’égal à égal avant qu’il ne soit trop tard et notre environnement est très édifiant en la matière actuellement.
Dans les deux cas, nous estimons que, d’une manière directe ou indirecte, on ne peut parler en ce moment que d’un terrorisme d’Etat qui a derrière lui l’expérience macabre de cinq décennies.
Source : mogador7.forumactif.com
(Le Maroc,l’Algérie et la Tunisie : le pouvoir à la dérive !)
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