De Jacqueline Charretier (atp) - Uzès.9/5/2011
27 avril 2011. Le verdict est tombé à la fin du procès des policiers accusés de n'avoir pas porté secours aux trois enfants qui, le 27 octobre 2005, avaient pénétré dans les locaux d'un transformateur EDF à Clichy-sous-Bois :
NON LIEU.
Pourtant, ce 27 octobre 2005, pas moins de onze policiers avaient pouchassé ces trois enfants qui rentraient vite chez eux, après une partie de foot, pour la rupture du jeûne un soir de ramadan. Pourtant, l'un de ces policiers avait annoncé l'entrée de ces jeunes dans l'enceinte du transformateur en pronostiquant leur mort.
Zyed et Bouna sont morts. Leur copain qui a survécu était gravement brûlé. Bien fait pour eux ! Dans la foulée, le ministre de l'Intérieur, sans un mot de compassion pour ces enfants et leurs familles et avant tout début d'enquête, avait repris, mot à mot, le rapport des policiers et condamné les jeunes sacrifiés. Plus que toute autre raison, c'est l'étincelle qui a allumé la révolte des banlieues. Et il semble bien que tous ceux qui, deux ans après, ont élu avec enthousiasme ce pourfendeur de la racaille à la présidence de la République aient totalement oublié cet événement prémonitoire de sa politique... ou, au contraire, en aient fait un argument de leur choix.
Et voilà, six ans après la mort de Zyed et Bouna, "Non lieu" pour ces "gardiens de la paix" qui avaient frénétiquement et aveuglément provoqué leur mort et, en tout cas, ne l'avaient pas prévenue, comme c'est le rôle de tout adulte responsable.
C'est révoltant - et désespérant. Et je ne peux m'empêcher de repenser à la plaidoierie si pertinente, humaine et juste d'Henri Leclerc dans sa défense de la famille du jeune -et innocent- lycéen de St. Ex, mort dans les locaux du commissariat de Mantes-la-Jolie, et qui, après onze ans d'attente d'un procès, a obtenu la condamnation, même si minimisée, de deux policiers responsables des coups et du médecin qui n'avait pas cherché à éviter l'issue fatale.
Mais aujourd'hui, le pouvoir suprême utilise le Parquet pour empêcher la justice de se faire et permettre au président de la République de resollliciter tranquillement un deuxième mandat qui lui permette de poursuivre son travail de sape des valeurs de la République, des fondements de la constitution et de l'indépendance des pouvoirs, tout en camouflant les turpitudes de sa politique.
Zyed et Bouna sont morts en 2005. C'est vraiment de leur faute. En 2011, la justice française nous dit : Circulez, il n'y a rien à voir. L'affaire est enterrée.
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