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samedi 8 août 2009

Un homme a parlé

par Youssef Jebri, août 2009

Comment réagir à la décision arbitraire et liberticide prise par les autorités marocaines samedi 1er août de saisir et détruire près de 100 000 exemplaires des magazines TelQuel et Nichane ? Un communiqué, une déclaration à la presse. Mais quels mots choisir, que dire quand la bêtise s'allie à la vilénie pour combattre la liberté de penser, d'écrire et de parler ? Ma plume n'a pu rendre qu'une brève copie dont voici le contenu. Le texte qui suit peut paraître naïf mais il a le mérite d'être sincère. Face à la dictature, la démocratie a justement besoin d'amants sincères et fidèles.

Hier, un homme a parlé.
Il a osé
Décrire et dénoncer
Ce que les autres, par peur ou servitude,
Intérêts ou habitudes,
Essayent d'occulter.

Hier, un homme a parlé ;
Plus précisément, il a hurlé.
Qu'a-t-il dit ?
Des vérités ou des mensonges ?
Des réalités ou des songes ?
Il a juste narré des tranches de vies.

Hier, un homme a parlé.
En brisant le silence, il a tenu à ne rien cacher.
Sans tabous, débarrassé de tout censeur,
Affranchi des interdits, il s'est libéré.
Prenant soin de ne rien oublier,
Il a révélé tout ce qu'il avait sur le cœur.

Hier, un homme a parlé
Du roi et de la liberté.
Il a dit qu'un pays
Où les journaux sont mis au pilon
Et les libres-penseurs envoyés en prison
Etait tout sauf une démocratie.

Hier, un homme a parlé,
Mais personne n'a semblé l'écouter.
Conteur sans auditoire,
Oiseau refusant de vivre dans une cage,
Marin sans port d'attache, voyageur sans bagages,
Il a largué les amarres.

Aujourd'hui, cet homme est sorti des mémoires.
Toutefois, quelques avertis - bien que rares -
S'entêtent à tendre les oreilles et, à force de patience,
Réussissent parfois à entendre
Sa voix et à comprendre
Ses paroles et ses histoires ; instantanés virtuels de leur existence.

Aujourd'hui comme hier,
Aujourd'hui plus qu'hier
Le silence et la servitude
L'ignorance et la turpitude
Ne s'imposent qu'à ceux
Qui le veulent… bon gré, malgré eux.

© Youssef Jebri, août 2009.

L'auteur
Je suis né en 1973, l'année du putsch militaire au Chili qui renversa le gouvernement de Salvatore Allende, l'année où décédèrent Bruce Lee et Pablo Picasso, l'année de la guerre de Yom Kippour et du premier choc pétrolier. En 1973, heureusement, un cessez-le-feu fut enfin signé au Vietnam. Les Américains arrêtèrent leur boucherie, en attendant de recommencer ailleurs. L'Ajax de Johan Cruyff inventait le football total pendant que Bob Marley enregistrait I shot the sheriff et que le groupe Nass El Ghiwane cartonnait au Maroc. Deux ans auparavant, jour pour jour, Jim Morrison décédait à Paris.

En France, Georges Pompidou était président de la République. Aux États-Unis, Richard Nixon s'était fait réélire pour un second mandat et Mao dirigeait encore la Chine, mais plus pour très longtemps. Je suis né à Marrakech, au Maroc en plein règne de Hassan II, monté sur le trône en 1961.
Mes parents m'ont inscrit à l'école française où j'ai accompli l'intégralité de ma scolarité.
Depuis dix ans, je réside en France. Fin 2006, je décide de me consacrer à l'écriture. En mai 2007, pour inaugurer leur nouvelle collection, "Lettres du Maroc", les Editions du Cygne publient "Le manuscrit d'Hicham : destinées marocaines," mon premier roman. La même année, fin septembre , mon second ouvrage, "Réflexions clandestines" paraît.
Début juin 2008, les Éditions du Cygne publient "l'Orient, l'Occident et moi" et l'année suivante, en juin 2009, "Mohammed VI, une décennie de règne".
Youssef Jebri

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