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jeudi 5 janvier | |
L'agriculteur de la vallée de la Roya, dans le sud de la France, était jugé ce mercredi à Nice pour avoir hébergé des migrants.
"Je le fais parce qu'il faut le faire", s'est défendu Cédric Herrou. L'agriculteur de 37 ans était jugé ce mercredi à Nice pour avoir aidé des migrants
près de la frontière franco-italienne. Il a assumé ses actes, pour
lesquels le procureur a requis huit mois d'emprisonnement avec sursis et
la confiscation de son véhicule, ainsi qu'un usage limité de son permis
de conduire aux besoins de sa profession.
Devant le tribunal,
l'agriculteur barbu aux fines lunettes rondes a revendiqué des actes
"politiques". "Je le fais parce qu'il y a des gens qui ont un problème.
Il y a des gens qui sont morts sur l'autoroute, il y a des familles qui
souffrent, il y a un Etat qui a mis des frontières en place et qui n'en
gère absolument pas les conséquences", a-t-il déclaré.
"Ce n'est pas à la justice de donner une leçon de diplomatie"
Le
procureur Jean-Michel Prêtre a de son côté dénoncé l'usage de ce procès
comme d'une "tribune politique". "Nous sommes dans la situation d'un
procès qui a été voulu, qui procède d'une stratégie générale de
communication, de portage militant d'une cause et qui fait que la
justice est saisie aujourd'hui de faits reconnus", a-t-il estimé. "Ce
n'est pas à la justice de décider de changer la loi, ce n'est pas à la
justice de donner une leçon de diplomatie à tel ou tel pays", a-t-il
poursuivi.
L'agriculteur dirige une exploitation produisant des
olives et des oeufs dans la vallée de la Roya, l'une des voies d'entrée
vers la France des migrants venus d'Italie. La justice lui reproche
l'installation en octobre 2016 sans autorisation d'une cinquantaine
d'Erythréens dans un centre de vacances SNCF désaffecté à
Saint-Dalmas-de-Tende. L'occupation de ce centre, dénoncée avec force
par les élus locaux LR, avait pris fin avec l'intervention des forces de
l'ordre au bout de trois jours.
"Même si vous me condamnez, le problème continuera"
Depuis
le mois d'octobre, comment la situation a-t-elle évolué?, l'a interrogé
le tribunal. "Nous avons une trentaine de mineurs hébergés à Saorge
chez des particuliers, et j'ai moi-même trois mineurs hébergés chez moi,
et des majeurs aussi", a répondu le prévenu, déjà inquiété en août 2016
pour avoir transporté des Erythréennes, avant que l'affaire ne soit
classée sans suite. La présidente s'est étonnée que les deux procédures
dont il a fait l'objet n'aient pas mis un coup d'arrêt à ses actions:
"Même si vous me condamnez, le problème continuera", a asséné Cédric
Herrou. Son avocat, Zia Oloumi, a plaidé la relaxe, estimant que le
délit n'était pas caractérisé faute d'éléments matériels. "Aujourd'hui
on veut faire condamner Herrou pour que les autres ne recommencent pas",
a-t-il également estimé.
La décision a été mis en délibéré au 10
février. Quelque 300 personnes, dont de nombreux membres d'un collectif
d'aide aux migrants Roya Citoyenne, s'étaient rassemblées devant le
palais de justice pour le soutenir avant le début de l'audience.
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