Ali Fkir
Bbou n’est plus
Tante hadhoumحدهوم/ (Bbou pour les proches) a quitté ce monde le premier janvier 22017 vers 19h.
Qui est la sympathique Bbou?
- L’âge : impossible de situer sa date de naissance. Elle est née dans une tente quelque part dans le pré-désert entre Kasr-es-essouk(Errachidia aujourd’hui) et Bouarfa, il y a de cela 90 ans. Moins ? Plus ? Je n’en sais rien.
- Elle a perdu son mari Al ou Abbou (mon seul oncle maternel) en 1956 /1957. Il a été tué par l’aviation française du côté des frontières algériennes. Le martyr avait rejoint l’armée de libération marocaine. Il était avant cela mineur dans les mines de Beni Tadjit.
- Elle a trimé dans la mine la plus grande partie de sa vie pour élever ses 6 enfants. Restée veuve avec 6 enfants (3 garçons et 3 filles) sur les bras. Elle rejoignit la montagne, habitant souvent des cavernes, des gourbis. Aidée par les plus âgés (9 et 11 ans), tantôt, elle ramassait des petites pierres de plomb qu’elle revendait, tantôt elle travaillait chez des petits exploitants miniers. Elle ne s’éloignait pas du village. Ses enfants parcouraient quotidiennement des km pour aller à l’école.
La brave tante tenait à ce Beni Tadjitque ses enfants apprennent à lire et à écrire. Les trois garçons ont affronté courageusement les difficultés de la vie. Grâce aux sacrifices de Bbou, à leurs efforts, les 3 garçons ont pu faire par la suite leur place dans la fonction publique. Ce qui a permis à Bbou de terminer ses dernières années dans la quiétude.
Bbou fait partie de ces travailleuses qui ont marqué l’Histoire du village de Beni Tadjit, qui ont élevé dans la dignité des orphelins, tels les cas : la syndicaliste Aïcha Mimoune, Toto Dich et Bbou. C’étaient des femmes extraordinaires. C’étaient des femmes que tout le monde respectait. Femmes mineures, femmes au foyer. Elles ont toutes réussi à élever dans la dignité leurs enfants et surtout à leur assurer la réussite scolaire.
La dernière des femmes prolétaires, génération des années 50,60,70 vient de nous quitter. Nous natifs, hommes et femmes de Beni Tadjit, nous les avions pleurées. D'autres femmes prolétaires triment aujourd'hui dans les mines de Beni Tadjit dans des conditions lamentables. Ma pensée de communiste va à elle.
Repose en paix TRÈS CHÈRE BBOU.
Mes condoléances les plus attristés à mes cousins et cousines. L’aîné nous a quitté il y a de cela plus de 25 ans.
*********
Extrait du livre « Le petit berger qui devint communiste »
« Ce qui allait marquer aussi le petit, c’était la « disparition » au cours d’une nuit (fin 1956 ? début 57 ?), de son oncle maternel Ali ou Abbou (mineur de profession) et deux autres proches, un nomade et un paysan. Il fallait attendre quelques jours pour apprendre qu’ils avaient rejoint un détachement de l’armée de libération, côté frontières algéro-marocaine. Ils auraient emporté avec eux des dizaines de kilogrammesde dynamite qu’ils auraient « volées » à la société PENEROYA. Des mois après l’oncle fut tué au cours d’un raid aérien de l’armée française. C’était le seul frère germain qu’avait la mère du petit. Elle fut affligée. Elle lui a fallu plusieurs années pour s’en remettre. »
2 -« Un jour de l’année 1953 (ou 1954), à une quinzaine de kilomètres du village minier, arriva l’oncle maternel Ali (un autre Ali), le feu au cul comme on dit, se dirigea vers sa sœur lui dit quelque chose. Ce fut l’alerte. Les trois (ou quatre familles) habitant dans le coin, tinrent une « assemblée ». Pas de différence entre les hommes et les femmes. La décision fut prise à l’unanimité en quelques minutes. Il fallait s’évaporer dans la nature. Le père du petit berger, ainsi que plusieurs militants nationalistes venaient d’être arrêtés au village minier par les « roumis/n’sara ». Le campement pourrait être investi à n’importe quel moment par les forces coloniales. S’évaporer dans la nature ? Les familles concernées sont bien rodées pour cela. Les leçons de l’épopée de 1907 à 1934 n’avaient pas été oubliées. En quelques minutes, tout fut chargé sur les ânes, sur les mules, et sur un dromadaire (une famille en avait un). La marche dura l’après-midi et une partie de la nuit. Les « fuyards » s’installèrent très loin du village au pied d’une montagne, dans un petit ravin, près des petites grottes pour éviter les frappes aériennes. Le coin était inaccessible aux camions militaires… ».
Il s’agit de mon oncle maternel, le martyr Ali Ou Abbou, époux de la défunte Bbou.
Tante hadhoumحدهوم/ (Bbou pour les proches) a quitté ce monde le premier janvier 22017 vers 19h.
Qui est la sympathique Bbou?
- L’âge : impossible de situer sa date de naissance. Elle est née dans une tente quelque part dans le pré-désert entre Kasr-es-essouk(Errachidia aujourd’hui) et Bouarfa, il y a de cela 90 ans. Moins ? Plus ? Je n’en sais rien.
- Elle a perdu son mari Al ou Abbou (mon seul oncle maternel) en 1956 /1957. Il a été tué par l’aviation française du côté des frontières algériennes. Le martyr avait rejoint l’armée de libération marocaine. Il était avant cela mineur dans les mines de Beni Tadjit.
- Elle a trimé dans la mine la plus grande partie de sa vie pour élever ses 6 enfants. Restée veuve avec 6 enfants (3 garçons et 3 filles) sur les bras. Elle rejoignit la montagne, habitant souvent des cavernes, des gourbis. Aidée par les plus âgés (9 et 11 ans), tantôt, elle ramassait des petites pierres de plomb qu’elle revendait, tantôt elle travaillait chez des petits exploitants miniers. Elle ne s’éloignait pas du village. Ses enfants parcouraient quotidiennement des km pour aller à l’école.
La brave tante tenait à ce Beni Tadjitque ses enfants apprennent à lire et à écrire. Les trois garçons ont affronté courageusement les difficultés de la vie. Grâce aux sacrifices de Bbou, à leurs efforts, les 3 garçons ont pu faire par la suite leur place dans la fonction publique. Ce qui a permis à Bbou de terminer ses dernières années dans la quiétude.
Bbou fait partie de ces travailleuses qui ont marqué l’Histoire du village de Beni Tadjit, qui ont élevé dans la dignité des orphelins, tels les cas : la syndicaliste Aïcha Mimoune, Toto Dich et Bbou. C’étaient des femmes extraordinaires. C’étaient des femmes que tout le monde respectait. Femmes mineures, femmes au foyer. Elles ont toutes réussi à élever dans la dignité leurs enfants et surtout à leur assurer la réussite scolaire.
La dernière des femmes prolétaires, génération des années 50,60,70 vient de nous quitter. Nous natifs, hommes et femmes de Beni Tadjit, nous les avions pleurées. D'autres femmes prolétaires triment aujourd'hui dans les mines de Beni Tadjit dans des conditions lamentables. Ma pensée de communiste va à elle.
Repose en paix TRÈS CHÈRE BBOU.
Mes condoléances les plus attristés à mes cousins et cousines. L’aîné nous a quitté il y a de cela plus de 25 ans.
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Extrait du livre « Le petit berger qui devint communiste »
« Ce qui allait marquer aussi le petit, c’était la « disparition » au cours d’une nuit (fin 1956 ? début 57 ?), de son oncle maternel Ali ou Abbou (mineur de profession) et deux autres proches, un nomade et un paysan. Il fallait attendre quelques jours pour apprendre qu’ils avaient rejoint un détachement de l’armée de libération, côté frontières algéro-marocaine. Ils auraient emporté avec eux des dizaines de kilogrammesde dynamite qu’ils auraient « volées » à la société PENEROYA. Des mois après l’oncle fut tué au cours d’un raid aérien de l’armée française. C’était le seul frère germain qu’avait la mère du petit. Elle fut affligée. Elle lui a fallu plusieurs années pour s’en remettre. »
2 -« Un jour de l’année 1953 (ou 1954), à une quinzaine de kilomètres du village minier, arriva l’oncle maternel Ali (un autre Ali), le feu au cul comme on dit, se dirigea vers sa sœur lui dit quelque chose. Ce fut l’alerte. Les trois (ou quatre familles) habitant dans le coin, tinrent une « assemblée ». Pas de différence entre les hommes et les femmes. La décision fut prise à l’unanimité en quelques minutes. Il fallait s’évaporer dans la nature. Le père du petit berger, ainsi que plusieurs militants nationalistes venaient d’être arrêtés au village minier par les « roumis/n’sara ». Le campement pourrait être investi à n’importe quel moment par les forces coloniales. S’évaporer dans la nature ? Les familles concernées sont bien rodées pour cela. Les leçons de l’épopée de 1907 à 1934 n’avaient pas été oubliées. En quelques minutes, tout fut chargé sur les ânes, sur les mules, et sur un dromadaire (une famille en avait un). La marche dura l’après-midi et une partie de la nuit. Les « fuyards » s’installèrent très loin du village au pied d’une montagne, dans un petit ravin, près des petites grottes pour éviter les frappes aériennes. Le coin était inaccessible aux camions militaires… ».
Il s’agit de mon oncle maternel, le martyr Ali Ou Abbou, époux de la défunte Bbou.
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