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mardi 23 août 2016

Khadija Ryadi : « Le Maroc est en pleine régression sur le plan des droits de l’Homme »


Politique Publié Le 22/8/2016 
 

 Les relations entre les ONG des droits de l'Homme et les autorités marocaines se sont tendues ces dernières années. Interdictions de manifester ou de se réunir, répressions policières, ennuis judiciaires, sont les exemples récents pointés par les associations réunis autour du collectif RAVI. Pour dresser un panorama de la situation des droits humains et libertés publiques au Maroc, le journaliste Hicham Mansouri (lui-même ayant eu des ennuis avec les autorités) a interviewé la militante Khadija Ryadi, ancienne présidente de l'Association marocaine des droits de l'Homme.

 

Comment pouvez-vous qualifier la situation actuelle des droits humains au Maroc ? 
Il est difficile d’exposer rapidement la situation des droits humains au Maroc. Mais pour rester sur les tendances principales et les indicateurs les plus parlants, on peut dire sans hésitation que nous sommes dans une période de régression. Il faut dire aussi que la situation des libertés au Maroc n’a jamais été stable. Elle a toujours connu des hauts et des bas. On avance et on recule. Deux moments ont connu des avancées tangibles : les années 90 du siècle précédent puis la période du mouvement du 20 février.
Les années 90 sont le moment où la marge de liberté a été la plus large. La majorité des prisonniers politiques ont été libérés, la presse indépendante se développe. L’Etat a reconnu pour la première fois ses torts et ses crimes du passé. La question des droits de l’Homme est devenue objet de récupération et non plus de répression directe et féroce comme avant.

La montée sur le trône de Mohammed VI a-t-elle changé la donne ?
Le début du règne de Mohammed 6 est parti sur ce même élan, celui des années des années 90. Le symposium national sur les violations graves des droits humains, organisé par trois ONG des droits humains en 2001, a représenté une pression sur le régime qui a fini par instaurer l’Instance Equité et Réconciliation. Les résultats de cette dernière, bien qu’insuffisants pour rendre irréversibles les violations graves des droits humains, sont tous positifs. Le problème réside dans leur mise en œuvre qui n’a eu lieu que très partiellement.
A partir de 2003, suite aux événements terroristes de Casablanca, la répression s’installe de nouveau. D’abord sous le prétexte inacceptable de lutte contre le terrorisme, puis ouvertement. Cette régression touchera progressivement tous les espaces de la vie publique. Les analystes politiques parlaient d’une stratégie visant à mener le pays sur la voie de l’exemple du régime autoritaire de Benali en Tunisie. Le mouvement du 20 février qui est sorti dans les rues dans le sillage des révolutions des pays de la région a cassé cet élan, et a obligé le pouvoir à revoir sa politique et à entamer une réforme constitutionnelle sur laquelle il s’était engagé cinq ans auparavant, dans le cadre des résolutions de l’IER mais qui ne fut jamais entamée.

Quel est le véritable état des lieux maintenant, je veux dire en 2016 ?
Actuellement, cinq ans après la mise en place de la nouvelle constitution, malgré les quelques aspects positifs qu’elle contient en particulier en matière des droits et libertés, elle reste une constitution qui centralise les pouvoirs entre les mains de la monarchie et ne respecte pas les fondements d’un Etat de droit, à savoir : la séparation des pouvoirs et la souveraineté du peuple. Mais ce qui est encore plus problématique c’est qu’au Maroc les lois ne s’appliquent pas, à commencer par la constitution elle-même. Les quelques garanties qu’elle contient sont quotidiennement bafouées. L’impunité demeure la règle. La corruption et la fraude se répandent dans toutes les sphères de la société  du sommet jusqu’à la base. Les libertés sont réprimées et la dissidence est visée par une répression dure. La presse indépendante a été massacrée, et plusieurs journalistes indépendants ont été obligés de quitter le pays. De nouveaux modes de répression sont utilisés, à savoir : les attaques et la diffamation des activistes dans la presse mercenaire qui se développe d’une façon inquiétante. Ladite presse, détient des moyens énormes, et est protégée contre la justice qui elle aussi demeure dominée et instrumentalisée par l’Etat. Il est difficile d’exprimer son indépendance et son autonomie par rapport au régime, que vous soyez un intellectuel, un journaliste, une ONG, un parti politique, un artiste, un blogueur…
Quand on s’exprime librement et surtout quand on est critique envers l’Etat, que vous soyez, de gauche, laïque, ou islamiste, vous êtes visés, votre vie privée est surveillée, vous êtes diffamé dans « la presse », voire vous êtes arrêtés ou au moins poursuivi sous des accusations fallacieuses. A moins que vous soyez soutenu et votre cause médiatisée surtout au niveau international,  vous risquez de passer en prison suite à un procès monté de toutes pièces. Depuis 2014, le ministre de l’Intérieur est passé à une vitesse supérieure, en menant une campagne de répression directe contre les ONG indépendantes. L’Association Marocaine des Droits Humains, la plus grande au Maroc, et que j’ai présidé de 2007 à 2013, est actuellement interdite, illégalement, d’utiliser les salles publiques et privées de tout le pays. Plus de 110 de ses activités ont été interdites arbitrairement. Plusieurs autres ONG sont aussi la cible de cette répression. Un réseau qui s’appelle Réseau des Associations victime d’Interdictions (RAVI) a été constitué et comporte plus de 20 organisations. La lutte contre le terrorisme est utilisée de nouveau comme prétexte. Ces ONG ont même été insultées par le ministre de l’Intérieur devant le parlement. Ledit ministre les accuse de répondre à un agenda étranger, et de recevoir des fonds douteux. Un discours officiel qui était récurrent du temps des années de plomb.

Pourtant le Maroc a plutôt meilleure presse que la majorité des Etats de la région ?
Le Maroc, contrairement à l’image qu’il s’efforce de donner à l’extérieur, n’arrive pas à améliorer les indicateurs en matière des droits et libertés. Il figure parmi les pays les moins bien classés, à savoir dans le développement humain publié par le PNUD, et dans la liberté de la presse publiée par RSF, l’égalité des chances entre hommes et femmes élaborée par le Sommet économique mondial, ou encore dans le domaine d’accès aux soins ou en matière de qualité de l’enseignement présenté par le Rapporteur spécial de l’ONU sur le droit à l’éducation… La destruction de l’enseignement public a d’ailleurs été utilisée, en plus du « bon usage » des mosquées et des médias audiovisuels, par le régime pour enténébrer les esprits et l’élite, affaiblir à la fois les idées modernes et les valeurs d’ouverture traditionnelles des Marocain(e)s. Il s’ensuivra un retour du conservatisme obtus et des idées rétrogrades voire extrémistes dont souffrent actuellement notre société.

Tribune

Portrait de Hicham Mansouri
Hicham Mansouri
Journaliste




 
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Politique Publié Le 22/08/2016 à 19h40

Khadija Ryadi : « Le Maroc est en pleine régression sur le plan des droits de l’Homme »

Les relations entre les ONG des droits de l'Homme et les autorités marocaines se sont tendues ces dernières années. Interdictions de manifester ou de se réunir, répressions policières, ennuis judiciaires, sont les exemples récents pointés par les associations réunis autour du collectif RAVI. Pour dresser un panorama de la situation des droits humains et libertés publiques au Maroc, le journaliste Hicham Mansouri (lui-même ayant eu des ennuis avec les autorités) a interviewé la militante Khadija Ryadi, ancienne présidente de l'Association marocaine des droits de l'Homme.
Comment pouvez-vous qualifier la situation actuelle des droits humains au Maroc ? 
Il est difficile d’exposer rapidement la situation des droits humains au Maroc. Mais pour rester sur les tendances principales et les indicateurs les plus parlants, on peut dire sans hésitation que nous sommes dans une période de régression. Il faut dire aussi que la situation des libertés au Maroc n’a jamais été stable. Elle a toujours connu des hauts et des bas. On avance et on recule. Deux moments ont connu des avancées tangibles : les années 90 du siècle précédent puis la période du mouvement du 20 février.
Les années 90 sont le moment où la marge de liberté a été la plus large. La majorité des prisonniers politiques ont été libérés, la presse indépendante se développe. L’Etat a reconnu pour la première fois ses torts et ses crimes du passé. La question des droits de l’Homme est devenue objet de récupération et non plus de répression directe et féroce comme avant.
La montée sur le trône de Mohammed VI a-t-elle changé la donne ?
Le début du règne de Mohammed 6 est parti sur ce même élan, celui des années des années 90. Le symposium national sur les violations graves des droits humains, organisé par trois ONG des droits humains en 2001, a représenté une pression sur le régime qui a fini par instaurer l’Instance Equité et Réconciliation. Les résultats de cette dernière, bien qu’insuffisants pour rendre irréversibles les violations graves des droits humains, sont tous positifs. Le problème réside dans leur mise en œuvre qui n’a eu lieu que très partiellement.
A partir de 2003, suite aux événements terroristes de Casablanca, la répression s’installe de nouveau. D’abord sous le prétexte inacceptable de lutte contre le terrorisme, puis ouvertement. Cette régression touchera progressivement tous les espaces de la vie publique. Les analystes politiques parlaient d’une stratégie visant à mener le pays sur la voie de l’exemple du régime autoritaire de Benali en Tunisie. Le mouvement du 20 février qui est sorti dans les rues dans le sillage des révolutions des pays de la région a cassé cet élan, et a obligé le pouvoir à revoir sa politique et à entamer une réforme constitutionnelle sur laquelle il s’était engagé cinq ans auparavant, dans le cadre des résolutions de l’IER mais qui ne fut jamais entamée.
Quel est le véritable état des lieux maintenant, je veux dire en 2016 ?
Actuellement, cinq ans après la mise en place de la nouvelle constitution, malgré les quelques aspects positifs qu’elle contient en particulier en matière des droits et libertés, elle reste une constitution qui centralise les pouvoirs entre les mains de la monarchie et ne respecte pas les fondements d’un Etat de droit, à savoir : la séparation des pouvoirs et la souveraineté du peuple. Mais ce qui est encore plus problématique c’est qu’au Maroc les lois ne s’appliquent pas, à commencer par la constitution elle-même. Les quelques garanties qu’elle contient sont quotidiennement bafouées. L’impunité demeure la règle. La corruption et la fraude se répandent dans toutes les sphères de la société  du sommet jusqu’à la base. Les libertés sont réprimées et la dissidence est visée par une répression dure. La presse indépendante a été massacrée, et plusieurs journalistes indépendants ont été obligés de quitter le pays. De nouveaux modes de répression sont utilisés, à savoir : les attaques et la diffamation des activistes dans la presse mercenaire qui se développe d’une façon inquiétante. Ladite presse, détient des moyens énormes, et est protégée contre la justice qui elle aussi demeure dominée et instrumentalisée par l’Etat. Il est difficile d’exprimer son indépendance et son autonomie par rapport au régime, que vous soyez un intellectuel, un journaliste, une ONG, un parti politique, un artiste, un blogueur…
Quand on s’exprime librement et surtout quand on est critique envers l’Etat, que vous soyez, de gauche, laïque, ou islamiste, vous êtes visés, votre vie privée est surveillée, vous êtes diffamé dans « la presse », voire vous êtes arrêtés ou au moins poursuivi sous des accusations fallacieuses. A moins que vous soyez soutenu et votre cause médiatisée surtout au niveau international,  vous risquez de passer en prison suite à un procès monté de toutes pièces. Depuis 2014, le ministre de l’Intérieur est passé à une vitesse supérieure, en menant une campagne de répression directe contre les ONG indépendantes. L’Association Marocaine des Droits Humains, la plus grande au Maroc, et que j’ai présidé de 2007 à 2013, est actuellement interdite, illégalement, d’utiliser les salles publiques et privées de tout le pays. Plus de 110 de ses activités ont été interdites arbitrairement. Plusieurs autres ONG sont aussi la cible de cette répression. Un réseau qui s’appelle Réseau des Associations victime d’Interdictions (RAVI) a été constitué et comporte plus de 20 organisations. La lutte contre le terrorisme est utilisée de nouveau comme prétexte. Ces ONG ont même été insultées par le ministre de l’Intérieur devant le parlement. Ledit ministre les accuse de répondre à un agenda étranger, et de recevoir des fonds douteux. Un discours officiel qui était récurrent du temps des années de plomb.
Pourtant le Maroc a plutôt meilleure presse que la majorité des Etats de la région ?
Le Maroc, contrairement à l’image qu’il s’efforce de donner à l’extérieur, n’arrive pas à améliorer les indicateurs en matière des droits et libertés. Il figure parmi les pays les moins bien classés, à savoir dans le développement humain publié par le PNUD, et dans la liberté de la presse publiée par RSF, l’égalité des chances entre hommes et femmes élaborée par le Sommet économique mondial, ou encore dans le domaine d’accès aux soins ou en matière de qualité de l’enseignement présenté par le Rapporteur spécial de l’ONU sur le droit à l’éducation… La destruction de l’enseignement public a d’ailleurs été utilisée, en plus du « bon usage » des mosquées et des médias audiovisuels, par le régime pour enténébrer les esprits et l’élite, affaiblir à la fois les idées modernes et les valeurs d’ouverture traditionnelles des Marocain(e)s. Il s’ensuivra un retour du conservatisme obtus et des idées rétrogrades voire extrémistes dont souffrent actuellement notre société.

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Hicham Mansouri
Journaliste


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Politique Publié Le 22/08/2016 à 19h40

Khadija Ryadi : « Le Maroc est en pleine régression sur le plan des droits de l’Homme »

Les relations entre les ONG des droits de l'Homme et les autorités marocaines se sont tendues ces dernières années. Interdictions de manifester ou de se réunir, répressions policières, ennuis judiciaires, sont les exemples récents pointés par les associations réunis autour du collectif RAVI. Pour dresser un panorama de la situation des droits humains et libertés publiques au Maroc, le journaliste Hicham Mansouri (lui-même ayant eu des ennuis avec les autorités) a interviewé la militante Khadija Ryadi, ancienne présidente de l'Association marocaine des droits de l'Homme.
Comment pouvez-vous qualifier la situation actuelle des droits humains au Maroc ? 
Il est difficile d’exposer rapidement la situation des droits humains au Maroc. Mais pour rester sur les tendances principales et les indicateurs les plus parlants, on peut dire sans hésitation que nous sommes dans une période de régression. Il faut dire aussi que la situation des libertés au Maroc n’a jamais été stable. Elle a toujours connu des hauts et des bas. On avance et on recule. Deux moments ont connu des avancées tangibles : les années 90 du siècle précédent puis la période du mouvement du 20 février.
Les années 90 sont le moment où la marge de liberté a été la plus large. La majorité des prisonniers politiques ont été libérés, la presse indépendante se développe. L’Etat a reconnu pour la première fois ses torts et ses crimes du passé. La question des droits de l’Homme est devenue objet de récupération et non plus de répression directe et féroce comme avant.
La montée sur le trône de Mohammed VI a-t-elle changé la donne ?
Le début du règne de Mohammed 6 est parti sur ce même élan, celui des années des années 90. Le symposium national sur les violations graves des droits humains, organisé par trois ONG des droits humains en 2001, a représenté une pression sur le régime qui a fini par instaurer l’Instance Equité et Réconciliation. Les résultats de cette dernière, bien qu’insuffisants pour rendre irréversibles les violations graves des droits humains, sont tous positifs. Le problème réside dans leur mise en œuvre qui n’a eu lieu que très partiellement.
A partir de 2003, suite aux événements terroristes de Casablanca, la répression s’installe de nouveau. D’abord sous le prétexte inacceptable de lutte contre le terrorisme, puis ouvertement. Cette régression touchera progressivement tous les espaces de la vie publique. Les analystes politiques parlaient d’une stratégie visant à mener le pays sur la voie de l’exemple du régime autoritaire de Benali en Tunisie. Le mouvement du 20 février qui est sorti dans les rues dans le sillage des révolutions des pays de la région a cassé cet élan, et a obligé le pouvoir à revoir sa politique et à entamer une réforme constitutionnelle sur laquelle il s’était engagé cinq ans auparavant, dans le cadre des résolutions de l’IER mais qui ne fut jamais entamée.
Quel est le véritable état des lieux maintenant, je veux dire en 2016 ?
Actuellement, cinq ans après la mise en place de la nouvelle constitution, malgré les quelques aspects positifs qu’elle contient en particulier en matière des droits et libertés, elle reste une constitution qui centralise les pouvoirs entre les mains de la monarchie et ne respecte pas les fondements d’un Etat de droit, à savoir : la séparation des pouvoirs et la souveraineté du peuple. Mais ce qui est encore plus problématique c’est qu’au Maroc les lois ne s’appliquent pas, à commencer par la constitution elle-même. Les quelques garanties qu’elle contient sont quotidiennement bafouées. L’impunité demeure la règle. La corruption et la fraude se répandent dans toutes les sphères de la société  du sommet jusqu’à la base. Les libertés sont réprimées et la dissidence est visée par une répression dure. La presse indépendante a été massacrée, et plusieurs journalistes indépendants ont été obligés de quitter le pays. De nouveaux modes de répression sont utilisés, à savoir : les attaques et la diffamation des activistes dans la presse mercenaire qui se développe d’une façon inquiétante. Ladite presse, détient des moyens énormes, et est protégée contre la justice qui elle aussi demeure dominée et instrumentalisée par l’Etat. Il est difficile d’exprimer son indépendance et son autonomie par rapport au régime, que vous soyez un intellectuel, un journaliste, une ONG, un parti politique, un artiste, un blogueur…
Quand on s’exprime librement et surtout quand on est critique envers l’Etat, que vous soyez, de gauche, laïque, ou islamiste, vous êtes visés, votre vie privée est surveillée, vous êtes diffamé dans « la presse », voire vous êtes arrêtés ou au moins poursuivi sous des accusations fallacieuses. A moins que vous soyez soutenu et votre cause médiatisée surtout au niveau international,  vous risquez de passer en prison suite à un procès monté de toutes pièces. Depuis 2014, le ministre de l’Intérieur est passé à une vitesse supérieure, en menant une campagne de répression directe contre les ONG indépendantes. L’Association Marocaine des Droits Humains, la plus grande au Maroc, et que j’ai présidé de 2007 à 2013, est actuellement interdite, illégalement, d’utiliser les salles publiques et privées de tout le pays. Plus de 110 de ses activités ont été interdites arbitrairement. Plusieurs autres ONG sont aussi la cible de cette répression. Un réseau qui s’appelle Réseau des Associations victime d’Interdictions (RAVI) a été constitué et comporte plus de 20 organisations. La lutte contre le terrorisme est utilisée de nouveau comme prétexte. Ces ONG ont même été insultées par le ministre de l’Intérieur devant le parlement. Ledit ministre les accuse de répondre à un agenda étranger, et de recevoir des fonds douteux. Un discours officiel qui était récurrent du temps des années de plomb.
Pourtant le Maroc a plutôt meilleure presse que la majorité des Etats de la région ?
Le Maroc, contrairement à l’image qu’il s’efforce de donner à l’extérieur, n’arrive pas à améliorer les indicateurs en matière des droits et libertés. Il figure parmi les pays les moins bien classés, à savoir dans le développement humain publié par le PNUD, et dans la liberté de la presse publiée par RSF, l’égalité des chances entre hommes et femmes élaborée par le Sommet économique mondial, ou encore dans le domaine d’accès aux soins ou en matière de qualité de l’enseignement présenté par le Rapporteur spécial de l’ONU sur le droit à l’éducation… La destruction de l’enseignement public a d’ailleurs été utilisée, en plus du « bon usage » des mosquées et des médias audiovisuels, par le régime pour enténébrer les esprits et l’élite, affaiblir à la fois les idées modernes et les valeurs d’ouverture traditionnelles des Marocain(e)s. Il s’ensuivra un retour du conservatisme obtus et des idées rétrogrades voire extrémistes dont souffrent actuellement notre société.

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