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vendredi 29 juillet 2016

Jacques Hamel inlassable prêtre du vivre-ensemble

STÉPHANE GUÉRARD
MERCREDI, 27/7/* 2016
L'HUMANITÉ
Le prêtre auxiliaire de 86 ans célébrait la messe dans l’église de Saint-Étienne-du-Rouvray lorsqu’il a été assassiné. Un autre otage a été très grièvement blessé.
«Tu as déjà vu un curé à la retraite ? Je travaillerai jusqu’à mon dernier souffle. » À l’heure de se souvenir de son vieil ami Jacques Hamel, c’est cette phrase lancée récemment par le prêtre de 86 ans pour justifier son choix de ne pas prendre sa retraite qui est revenue à l’esprit d’Aimé-Rémi Mputu Amba. Par cette anecdote, le curé doyen de Sotteville-lès-Rouen, commune voisine de Saint-Étienne-du-Rouvray, entendait mettre en lumière l’abnégation et la simplicité de l’homme d’Église qui célébrait la messe lorsqu’il a été égorgé hier.

« Discret », « très apprécié », « pilier de la paroisse » et « proche de la population sans aucune volonté d’affichage de sa foi ou de prosélytisme ». Les mêmes expressions revenaient hier pour caractériser la personne et la vie de Jacquel Hamel. Hier, vers 9 h 30, ce dernier donnait un de ses nombreux « coups de main » habituels en tenant l’office du matin, en l’absence de l’abbé titulaire. Quatre personnes, dont deux religieuses, y assistaient lorsque deux hommes ont fait irruption pour une prise d’otages. Deux heures plus tard et malgré l’alerte donnée par l’une des religieuses qui avait pu s’échapper, le corps du prêtre était retrouvé sans vie dans l’église, assassiné par les deux assaillants ensuite abattus. Parmi les trois autres personnes présentes, l’une se trouvait toujours dans un état très grave en fin d’après-midi.

« C’était un prêtre solide, toujours au service des gens, pratiquement toute sa vie »

« Il était courageux, étant donné son âge. Les prêtres ont droit à la retraite à partir de 75 ans. Lui se sentait encore fort et se disait qu’il n’y avait pas assez de prêtres. Il a donc préféré rester sur place pour rendre service et continuer de travailler », a réagi Auguste Moanda-Phuati au micro de RTL. L’abbé titulaire de la paroisse de Saint-Étienne, qui aurait dû officier hier s’il n’achevait pas ses vacances, était abasourdi par l’issue de la prise d’otages. « C’était un prêtre solide, toujours au service des gens, pratiquement toute sa vie. » Prêtre du lien social, Jacquel Hamel était plutôt du genre curé en col roulé qu’en col romain. Un prêtre du quotidien né en 1930 à Darnétal, en Seine-Maritime, qui, depuis son ordonnancement comme prêtre en 1958, a voué son action aux paroisses de quartiers populaires de la périphérie rouennaise. En 2008, il avait bien fêté son jubilé d’or. Mais cette fête n’a en rien mis fin à ses activités. Mohammed Karabila est en charge de la mosquée de Saint-Étienne-du-Rouvray, voisine de l’église Saint-Étienne car bâtie en 2000 sur une parcelle offerte par la paroisse catholique. Hier, il se souvenait de la présence du prêtre « lors d’interventions publiques dans des salles des fêtes ». « Nous faisions partie d’un comité interconfessionnel depuis dix-huit mois. Nous discutions de religion et de savoir-vivre-ensemble. » Ces échanges avaient été organisés à la suite des cérémonies funèbres, dans cette même mosquée, en mémoire d’Imad Ibn Ziaten, le parachutiste de 30 ans originaire de la région rouennaise, tué le 11 mars 2012 à Toulouse par Mohamed Merah. « C’est quelqu’un qui a donné sa vie aux autres. On est abasourdi à la mosquée », a repris l’imam.
En juin dernier, en écho à tous les événements dramatiques récents, Jacques Hamel avait pris la plume. Dans l’édito du bulletin paroissial, il avait appelé à profiter des vacances pour en faire un moment « de ressourcement, de rencontres, de partage, de convivialité », « un moment pour prendre le temps de vivre quelque chose ensemble. Un moment pour être attentif aux autres, quels qu’ils soient ». « Alors nous pourrons, mieux pourvus, reprendre la route ensemble », avait-il conclu.

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