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dimanche 2 janvier 2011

France-sécurité : concentration d’un pouvoir quasiment absolu dans un petit nombre de mains.

Par le Monde Libertaire, décembre 2010

 On n’a pas assez attiré l’attention sur la fusion des RG et de la DST pour donner lieu à la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI). Il en a résulté un énorme service policier au service de l’État mais aussi de notre président, Javert Ier, qui, comme on le verra, recourt à ses services à des fins privées et partisanes. Bien entendu, la direction du service a été confiée à un fidèle de l’omniprésident, M. Squarcini, lequel fait partie du clan de Neuilly, des corses amis et des vieux séides de l’ex-ministre de l’Intérieur. Car Javert Ier a ses réseaux : les Corses via sa première épouse et la mafia des Hauts-de-Seine (Pasqua, Ceccaldi-Reynaud, feu Achille Peretti, etc.), les collaborateurs de la mairie de Neuilly et du conseil général des Hauts-de-Seine, les hauts flics du ministère de l’Intérieur (Guéant, Péchenard, etc.). On a donc la concentration d’un pouvoir quasiment absolu dans un petit nombre de mains. À quoi il convient d’ajouter ses amis dans les médias et les milieux économiques (dépendant souvent des commandes ou des zones d’influence de l’État), lesquels sont assez souvent les mêmes.
Les missions de la DCRI sont essentiellement de lutter contre l’espionnage et le terrorisme. À quoi s’ajoute désormais le combat contre tout ce qui pourrait déstabiliser non seulement le pays mais aussi les intérêts en place. Les pouvoirs très étendus de la DCRI concernent désormais tous les mouvements sociaux et toutes les actions de désobéissance civile : arracheurs de plantes OGM, défenseurs des prisonniers et des immigrants (d’où la réactivation du délit quasi vichyste d’aide à un immigré clandestin, créant un frein à la solidarité), « anarcho-libertaires » (comme l’a montré l’affaire de Tarnac, montée de toutes pièces ; cela rappelle les « hitléro-trotskistes » chers à Staline), défenseurs des Palestiniens (par exemple, les boycotteurs des produits israéliens issus des territoires occupés), etc. Bien sûr, il ne s’agit pas de poursuivre tout le monde, mais de menaces permanentes, de cibles potentielles à usage politico-médiatique aux fins de maintien du sentiment d’insécurité. Cependant, eu égard à la profusion de textes répressifs depuis 2002 et encore plus 2007 (plus de 60 textes, plus de 116 modifications du Code pénal) et au raidissement des lois antiterroristes, il y a l’idée de faire peur à tout contestataire potentiel ou avéré. Toute personne qui s’engage dans un combat pour les libertés ou la défense d’intérêts généraux contre la finance et le capital est dûment prévenue qu’elle court des risques, notamment via la garde à vue notablement renforcée en cas de terrorisme, dont la qualification appartient aux forces de police et aux parquets. C’est dire que l’on peut être très facilement accusé de la chose. Ce qui cadre en plus avec le fait que maintenant la simple appartenance à un groupe soupçonné d’activisme est sévèrement punie. Horreur juridique puisque des intentions, qui plus est supposées, et des « dangerosités » potentielles sont réprimées au lieu des actes et des faits. Cela me donne une idée : au lieu de la grève, pourquoi ne pas se faire tous embastiller, ce qui est devenu très facile vu le nombre de délits aujourd’hui et ce qui à coup sûr supprimerait l’activité économique du pays.
C’est là que l’on perçoit que les choses ont été conçues pour aller dans le même sens en mobilisant tous les moyens : la police, la justice, la loi, les parquets. Tout cela a été pensé pour fusionner au nom de la toute-puissance du pouvoir tsarkozyen. Évidemment, les différents paramètres d’action ont été mis en place de façon séparée et étalée dans le temps pour que personne n’aperçoive rapidement la cohérence du projet de pénalisation de la société civile. La réforme du Conseil supérieur de la magistrature – où désormais les magistrats sont minoritaires au profit de « personnalités » nommées par Javert et les deux présidents de chambre législative – permet de nommer des procureurs dociles et opportunistes qui, par exemple, poursuivront une personne ayant aidé un immigré en lui prêtant un téléphone portable ou couvriront les manipulations policières (Tarnac) ou politicardes (Clearstream). Ou noieront le poisson sans poursuivre (Bettencourt-Woerth ou l’affaire des sous-marins du Pakistan impliquant Ballamou et qui vous savez, etc.).
La création de la DCRI est une innovation qui apporte aux ex-RG la couverture du « secret-défense » dont ils ne jouissaient pas avant. La prétendue loi pour protéger les sources des journalistes est bidon parce qu’elle annonce une liste d’exceptions particulièrement floues et discrétionnaires pour les parquetiers aux ordres. Et le must, c’est une loi passée en douce en juillet 2009, qui étend le secret-défense à des lieux où nul ne pourra plus enquêter : locaux ou installations militaires, DCRI elle-même, usines liées à des productions stratégiques ou militaires (La Hague, la Direction des constructions navales). Évidemment, la suppression du juge d’instruction, si elle finit par être votée, n’arrangera pas les choses car alors disparaîtrait la possibilité de se porter partie civile en cas de refus d’un procureur d’ouvrir une instruction. Tout concourt donc à empêcher une justice indépendante. Reste le Conseil d’État et les tribunaux administratifs ; mais les membres en sont nommés par le pouvoir qui, par le simple jeu des nominations, peut obtenir une justice administrative aux ordres. Il en est de même pour les tribunaux jusqu’à la Cour de cassation. Reste la nouvelle procédure de question préalable de constitutionnalité devant le Conseil constitutionnel ; mais c’est soumis à une ordalie procédurale (passage antérieur devant le Conseil d’État ou la Cour de cassation) et il suffira de jouer sur le renouvellement des membres déjà tous à droite sauf un sur onze (dont les deux ex-présidents, Diamantinos et Chiracos). C’est ce que l’on continue d’appeler « un État de droit ». Heureusement, nous conservons la Cour de justice des communautés européennes et celle des droits de l’homme ; mais les recours y prennent du temps et, pour la Cour européenne des droits de l’homme, il faut avoir épuisé toutes les voies de recours en France.
La DCRI est donc en bonne posture pour violer les procédures et les contrôles : il lui suffira d’en appeler à un magistrat complaisant ou au secret-défense. Ainsi, a-t-elle écouté des gens ou analysé leurs « fadettes 1 » pour rechercher qui était à l’origine de la rumeur sur les infidélités du couple Javert-Carla. De même, elle a obtenu les fadettes concernant la taupe ayant donné au Monde des indications sur l’affaire Bettencourt-Woerth. Là, le procureur de Paris (Marin en eaux troubles) a demandé la levée du secret-défense ; refusé ; appel, accordé. Et maintenant il faut que le comité Théodule haddock, faux-nez de neutralité truffé d'obligés du pouvoir, lève ledit secret. On attend sans grand espoir, comme pour les sous-Marin de Karachi. Cela rappelle l’affaire Pérol, ex-secrétaire général adjoint de la présidence Javert, nommé à la tête de la banque issue de la fusion des Caisses d’épargne et des Banques populaires alors qu’il l’avait préparée chez Tsarkowitch.
Le pouvoir a prétendu que la Commission de déontologie, chargée d’examiner les pantouflages de hauts fonctionnaires dans le privé, avait été consultée. Pur mensonge : c’est le président comprador de ladite commission qui a donné le feu vert tout seul comme un grand hors toute procédure légale !
1. Relevé de conversations téléphoniques. (Ndlr.)

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