Elisee Touchard, 27/9/2016
Melchior Wathelet, visage angélique et avocat général de la Cour
européenne de justice, prononce une sentence lourde de conséquences pour
le Maroc: "le Sahara occidental ne fait pas partie du Maroc" et de ce
fait, "ni l'Accord d'association UE-Maroc ni l'Accord de libéralisation
ne lui sont applicables". D'un mot, tombent à l'eau les accords agricole
et de pêche signés entre Bruxelles et Rabat et englobant le Sahara
occidental. L'avocat général, naguère homme politique de premier plan
dans son pays la Belgique et, aujourd'hui, porte-parole de la plus haute
juridiction de l'Union européenne, va plus loin dans son énoncé des
motifs en relevant que l'Union européenne et ses Etats membres "n'ont
jamais reconnu que le Sahara occidental fait partie du Maroc ou relève
de sa souveraineté".
Commentant un des cas de figure envisagé par l'avocat général de la CJUE
dans son avis formulé mardi et dans lequel il préconisait d'annuler
l'arrêt du Tribunal et de rejeter le recours du Front Polisario, Me
Devers a expliqué que cette suggestion "ne remet nullement en cause la
capacité du Front Polisario à agir contrairement aux interprétations qui
ont été données, par certains, aux propositions avancées par Me
Melchior Wathelet". De ce fait, et comme le recommande l'avocat général
de la CEJ, l'arrêt de la Cour rendu le 15 décembre 2015 doit être annulé
et le recours du mouvement séparatiste rejeté. Des thématiques qui
devraient bien plus être au cœur du projet commun pour l'Europe et le
Royaume du Maroc. A commencer par les erreurs de droit.
"Or, le Sahara occidental constitue précisément un tel territoire par rapport à l'Union et au Maroc", a-t-il relevé.
"En faisant appel de la décision de la Cour, l'UE ne parvient pas à respecter ses obligations internationales".
Quant à la décision finale de la Cour de justice de l'Union européenne
qui sera rendue dans les prochains mois, le spécialiste des relations
internationales a estimé que la Cour prendra en compte dans sa décision
les remarques de l'avocat général. Ce tribunal a commis une autre
bourde, selon le Conseil européen, quand "il a conclu que le requérant
était directement et individuellement concerné par la décision annulée".
Une démarche, faut-il le noter, qui a fait l'objet d'une étude d'impact
pour ce qui est des retombées du dernier accord de pêche liant le Maroc
à l'UE.
Le Conseil de l'UE a introduit, quelques semaines après, un pourvoi
devant la Cour de justice à l'encontre de l'arrêt du Tribunal,
rappelle-t-on. Puis rapidement conduit le Conseil européen à interjeter
appel auprès de la CJUE car le Maroc avait aussitôt décidé de cesser
tout contact avec l'UE, pourtant un des principaux partenaires. Le
Conseil a par ailleurs demandé et obtenu que l'affaire soit soumise à
une "procédure accélérée", le 7 avril 2016.
Le Tribunal, qui avait considéré que le recours du Front Polisario était
recevable, avait basé son arrêt sur le fait que l'accord avec le Maroc
avait vocation à s'appliquer également au Sahara occidental.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire