Moi
aussi j’aurai aimé écrire « je suis Abdellah….Et je rêve d’une école
publique et de qualité pour tout le monde ». Sauf que pour
l’enseignement au Maroc, ce n’est pas un souhait ou un rêve qu’il faut,
mais un miracle. Un immense miracle, comme dans les films, où les morts
ressuscitent et la vie revient à un corps immobile. Car l’école publique
au Maroc est morte depuis des années et plus aucune force ne peut la
remettre sur pied.
J’appartiens à ces dernières générations, qui ont
fait leur scolarité dans un système public affaibli, mais qui
fonctionnait encore. Il y avait des enseignants qui croyaient à leur
mission, et les bancs de l’école étaient fréquentés, sans distinction,
par des enfants d’ouvriers, de fonctionnaires, de riches commerçants, de
vendeurs ambulants…etc. Nous parlions le même langage, faisions les
mêmes devoirs et entretenions les mêmes rêves…Les établissements privés
étaient réservés aux cancres, chassés de l’école publique à force de
redoubler. Nous les regardions avec le mépris des anges observant Satan
refoulé du paradis.
La solution est donc purement individuelle. Les parents, surtout ceux qui appartiennent aux classes moyennes, devront se sacrifier encore et encore pour leurs enfants. Ils n’ont d’autre issue que l’école privée. Ils sont dans une situation « darwinienne », de guerre pour la survie scolaire de leurs enfants, où les plus riches ont les moyens d’accéder à une meilleure éducation. L’écart entre les ruraux et les urbains continuera à se creuser. Le brassage, assuré par l’école, entre différentes classes sociales est derrière nous. Quant aux enfants pauvres, défavorisés, habitants des montagnes et des douars, ils n’ont que Dieu, les miracles et une grande volonté personnelle pour s’en sortir, car aucun homme dans ce pays ne peut les aider.
Par Tourabi Abdellah
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire