Ils sont là, à nos frontières, dans le froid et le dénuement. Les réfugiés fuient les crimes et la terreur dont ils souffrent depuis plus de quatre années en Syrie, en Irak...
Mais l'humanité désarmée des
réfugiés se heurte aux barricades de la peur. Et la France, pays des
droits de l'homme, se ferme. Alors qu'elle devrait être la première à
étendre son manteau protecteur sur les épaules transies de ceux qui
cherchent asile et protection.
Entendre même un Premier ministre
dire que l'Europe ne peut plus recevoir de réfugiés, car les peuples ne
le supporteraient pas, est un scandale : sur les 4 millions de Syriens
fuyant la barbarie, environ 700 000 cherchent refuge en Europe (1), un continent d'environ 500 millions d'habitants !
Les
pays européens sont-ils donc incapables d'accueillir ces personnes dont
le nombre équivaut à la population d'une grande ville ? Cela, alors
même que le Liban reçoit plus de 1,5 million de réfugiés syriens,
l'équivalent de plus d'un quart de sa population.
La France est
d'autant plus mal placée pour donner des leçons qu'elle accueille très
peu de réfugiés syriens. En 2014, elle n'accordait protection qu'à 2015
Syriens tandis que l'Allemagne en protégeait... 25 000 (2) ! La France laisse
quasiment tout le poids de ces réfugiés aux autres pays. On le découvre
en Suède, où les 9,5 millions de Suédois sont, en proportion, ceux qui
accueillent le plus de réfugiés.
Réfugiés, un devoir d'humanité
Mais
la Suède arrive à saturation sur le plan pratique : logement,
éducation... Elle a donc demandé l'aide des autres pays européens :
seule l'Allemagne a répondu. À cause de l'absence de solidarité des pays
européens et de l'arrivée de 80 000 réfugiés en deux mois, l'inquiétude
a gagné la population et les politiques. Résultat, la Suède vient de
durcir l'accueil des réfugiés. Ce pays, modèle en Europe, commence à
construire des camps. L'attitude et la démission de la France ont
aussi donné un signal de repli et de refus aux pays européens situés
aux frontières de l'Europe, encore plus seuls face au flot grandissant
des migrants.
Comment s'étonner alors que les propagandes contre
les réfugiés prennent le dessus ? Dans ces jours d'hommages aux victimes
du 13 novembre, il faut regarder les choses en face : ceux qui ont
commis ces attentats étaient des enfants de France, de Belgique et non des réfugiés !
Balayons donc devant notre porte au lieu d'accuser les étrangers : « N'inversons pas les choses. On accuse les réfugiés d'être des terroristes alors qu'ils sont les victimes
des terroristes. Ils ont vécu des choses abominables. Beaucoup
d'enfants et d'adolescents arrivent seuls, sans famille. Ne pas répondre
à leurs besoins humains, c'est manquer d'humanité », explique George Joseph, responsable de Caritas en Suède.
La France est-elle
encore le pays des droits de l'homme ? Son refus de prendre sa part
dans la crise des réfugiés en fait douter. L'ignominie de Calais, où on
laisse des gens « vivre » dans la boue et le froid, est une honte pour
la République !
C'est un effondrement humain et moral que vit
notre pays. Il est contraire aux aspirations des Français manifestées
après les attentats du 13 novembre. Agiter le drapeau français, c'est
bien. Vivre les valeurs universelles de la France, en accueillant ceux qui demandent asile et protection, c'est mieux. C'est surtout être fidèle à notre humanité.
(1) Sources HCR(2) Sources Eurostat, 12/05/2015
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