En deux semaines, le gouvernement s'est renié pour se muer en champion de l'ordre public et de la sécurité. Un tête-à-queue idéologique dangereux...
Par Jérôme Béglé
Publié le
Le Point.fr
Début novembre, interpréter La Marseillaise et brandir un
drapeau français faisait de vous un quasi-fasciste. Aujourd'hui, ne pas
pavoiser sa demeure de l'emblème tricolore vous rend suspect d'être un
cœur sec et un mauvais Français. La gauche vient d'opérer un
stupéfiant virage idéologique à 180 degrés. En quinze jours, elle a
jeté aux orties plus d'un demi-siècle de principes et de professions de
foi.
Vladimir Poutine et Bachar el-Assad étaient hier désignés comme des ennemis de la démocratie, des infréquentables que l'on n'invitait pas à notre table. Le chef de l'État russe est désormais un allié incontournable de la France pour mener la guerre contre le groupe État islamique. Cette semaine, François Hollande a revêtu ses « battle dress » pour vanter l'action de l'armée française en Afrique et au Moyen-Orient et réclamer des renforts à tous ses alliés, convaincant même Angela Merkel d'envoyer des centaines de soldats allemands au Mali...
Non content d'avoir promulgué l'état d'urgence pour trois mois, le gouvernement a laissé entendre par la voix de Bernard Cazeneuve que cette situation exceptionnelle pourrait être prolongée. Dans le jargon de la gauche, cela signifie que « l'arbitraire administratif » prend le pas sur la projection des libertés publiques. En un trait de plume, on a gommé toute la jurisprudence Taubira et l'angélisme mécanique des défenseurs des droits. Chaque matin, on claironne le chiffre des perquisitions, des gardes à vue et des armes saisies. Mieux, la gauche Hollande-Valls ouvre le débat sur l'identité nationale, abordant des sujets qu'Éric Besson chargé de cette délicate tâche par Nicolas Sarkozy en 2007 n'osait pas mettre sur la table. Le ministre issu du Parti socialiste avait été raillé par les siens, prompts à fustiger sa trahison. Ce mois de novembre, ses camarades d'hier franchissent à la vitesse de la lumière les limites qu'ils estimaient alors intangibles, arguant qu'elles étaient l'essence même de notre démocratie.
À court terme, cette confusion idéologique est admise par des électeurs encore traumatisés. Mais elle sera mortifère pour la gauche. La mise en scène de l'émotion a atteint sa limite et frôle l'indécence. Que fera-t-on si un autre attentat ensanglante la France ? Quel subterfuge langagier faudra-t-il inventer ? Quel principe devra-t-on immoler en place publique ? Depuis le 15 novembre, la gauche ne se détache plus du courant libéral de droite que par ses généreuses subventions accordées à des associations ou des secteurs d'activités déjà gorgés de subsides publics... Elle ne brille plus que par les usines à gaz fiscales qu'elle s'ingénie à construire en faisant croire qu'un tel dispositif peut relancer l'investissement, les TPE ou l'emploi salarié... Sauf que, selon les chiffres dévoilés jeudi, le chômage a encore crû de 42 000 personnes en un mois. Chaque jour d'octobre, 1 500 Françaises et Français ont perdu leur travail. A-t-on entendu un leader de gauche s'en émouvoir ?
L'état d'urgence permanent ?
Le pacifisme était son vieux fonds de commerce ; Brassens, Vian et Sartre, ses idoles. Vendredi matin, la France a prévenu qu'elle risquait de déroger à la Convention européenne des droits de l'homme. On imagine sans peine les cris d'orfraie des professionnels de l'indignation si un gouvernement de droite s'était livré à une telle remise en cause de principes que l'on croyait intangibles.Vladimir Poutine et Bachar el-Assad étaient hier désignés comme des ennemis de la démocratie, des infréquentables que l'on n'invitait pas à notre table. Le chef de l'État russe est désormais un allié incontournable de la France pour mener la guerre contre le groupe État islamique. Cette semaine, François Hollande a revêtu ses « battle dress » pour vanter l'action de l'armée française en Afrique et au Moyen-Orient et réclamer des renforts à tous ses alliés, convaincant même Angela Merkel d'envoyer des centaines de soldats allemands au Mali...
Non content d'avoir promulgué l'état d'urgence pour trois mois, le gouvernement a laissé entendre par la voix de Bernard Cazeneuve que cette situation exceptionnelle pourrait être prolongée. Dans le jargon de la gauche, cela signifie que « l'arbitraire administratif » prend le pas sur la projection des libertés publiques. En un trait de plume, on a gommé toute la jurisprudence Taubira et l'angélisme mécanique des défenseurs des droits. Chaque matin, on claironne le chiffre des perquisitions, des gardes à vue et des armes saisies. Mieux, la gauche Hollande-Valls ouvre le débat sur l'identité nationale, abordant des sujets qu'Éric Besson chargé de cette délicate tâche par Nicolas Sarkozy en 2007 n'osait pas mettre sur la table. Le ministre issu du Parti socialiste avait été raillé par les siens, prompts à fustiger sa trahison. Ce mois de novembre, ses camarades d'hier franchissent à la vitesse de la lumière les limites qu'ils estimaient alors intangibles, arguant qu'elles étaient l'essence même de notre démocratie.
Le Front national en reste sans voix
L'évolution idéologique et sécuritaire du gouvernement est telle qu'elle laisse Marine Le Pen et le Front national sans voix. En deux semaines, la gauche au pouvoir s'est emparée de ses thèmes de campagne et de ses chevaux de bataille. Florian Philippot n'en demandait pas tant... Pas dupes, les électeurs hésitants viennent grossir les rangs du FN, si l'on en croit la demi-douzaine de sondages rendus publics cette semaine. Hier anti-républicains, ce parti donne désormais le « la » de la politique pénale et sécuritaire du gouvernement. Difficile ensuite de mobiliser vos électeurs contre ce fascisme qui serait à deux doigts de prendre le pouvoir alors que vous lui empruntez son programme sécuritaire...À court terme, cette confusion idéologique est admise par des électeurs encore traumatisés. Mais elle sera mortifère pour la gauche. La mise en scène de l'émotion a atteint sa limite et frôle l'indécence. Que fera-t-on si un autre attentat ensanglante la France ? Quel subterfuge langagier faudra-t-il inventer ? Quel principe devra-t-on immoler en place publique ? Depuis le 15 novembre, la gauche ne se détache plus du courant libéral de droite que par ses généreuses subventions accordées à des associations ou des secteurs d'activités déjà gorgés de subsides publics... Elle ne brille plus que par les usines à gaz fiscales qu'elle s'ingénie à construire en faisant croire qu'un tel dispositif peut relancer l'investissement, les TPE ou l'emploi salarié... Sauf que, selon les chiffres dévoilés jeudi, le chômage a encore crû de 42 000 personnes en un mois. Chaque jour d'octobre, 1 500 Françaises et Français ont perdu leur travail. A-t-on entendu un leader de gauche s'en émouvoir ?
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