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mardi 8 juin 2010

Violences sexuelles au Maroc, un fléau préoccupant

Par Ana Lopes, Au Fait, 8/6/2010
Le 4 juin, c'est la Journée internationale des enfants victimes innocentes d'agression. Une journée initiée au départ pour soutenir les enfants palestiniens et libanais victimes des actes d'agression de la part d'Israël. Au Maroc aussi, les agressions contre les enfants représentent un véritable drame social: en 2009, rien que les violences sexuelles étaient estimées à 94.
Ce sont les enfants en situation difficile comme les jeunes travailleuses domestiques, les enfants abandonnés et les enfants internés dans des établissements qui sont le plus concernés par les abus sexuels.
Depuis 1982, l'Organisation des Nations Unies avait instauré le 4 juin comme Journée internationale des enfants victimes innocentes d'agression en soutien au “grand nombre d'enfants palestiniens et libanais qui ont été les victimes innocentes des actes d'agression d'Israël”. Pour nous, c'est surtout l'occasion de revenir sur l'un des plus préoccupants phénomènes de société au Maroc, à savoir les maltraitances à l'égard des enfants et plus particulièrement, les violences sexuelles.
Selon les statistiques de l'Unité marocaine pour la protection de l'enfance relevant du Ministère du développement social, 470 cas d'agression à l'égard des enfants ont été recensés pour la seule ville de Casablanca en 2009. Ces agressions sont réparties en violences sociales (travail domestique, maltraitance des parents...), violences psychologiques et violences sexuelles.
Entre 2007 et 2010, l'Association "Touche pas à mes enfants", basée à Rabat, a enregistré “plus de 1.000 cas d'agression sur les enfants dont la plupart sont des violences sexuelles, surtout de la pédophilie avec 70% des cas recensés”, nous apprend Najia Adib, présidente de cette association.
Violences sexuelles, un fléau préoccupant
D'après les chiffres officiels du Ministère du développement social, 94 cas de violences sexuelles à l'égard des enfants ont été enregistrés l'an dernier. Sur ces 94 cas, 52% sont commis par des proches: 42% par des proches de la famille ou des voisins, 8% par des parents et 2% par des éducateurs, avait révélé la ministre Nouzha Skalli.
“Ce phénomène touche toutes les catégories d'âge et ce sont les enfants en situation difficile qui sont les plus touchés comme les jeunes travailleuses domestiques, les enfants abandonnés, et les enfants internés dans des établissements.” Nouzha Skalli, ministre du développement social, de la famille et de la solidarité
Un véritable drame social quand on mesure les conséquences qui se répercutent sur la santé physique mais surtout psychologique des enfants victimes d'agression: inattention, recroquevillement sur soi, manque d'appétit, agressivité, panique, peur, dépression...
Une loi existe; elle condamne les agresseurs selon les circonstances, à des peines allant de 5 ans à 30 ans de prison. Certains défenseurs de la protection de l'enfance estiment que “les jugements ne sont pas à la hauteur du crime” et d'autres pointent du doigt l'application même de cette loi.
“Tout le problème réside dans l’application de cette loi. Outre la corruption qui empêche parfois une application sévère et sereine de la loi, le juge ne l’adapte pas toujours selon les intérêts des victimes”, s'insurgeait dans un hebdomadaire local un avocat qui a défendu les victimes dans plusieurs affaires de pédophilie à Marrakech.
L'éducation sexuelle, seule arme pour protéger nos enfants
“En dehors des peines privatives de liberté, je pense qu'il est fondamental que nous fassions de la prévention via une éducation sexuelle adaptée à toutes les catégories sociales”, explique Najia Adib. “Il faudrait faire des campagnes de sensibilisation au niveau des orphelinats, des écoles, des colonies de vacances”, ajoute t-elle.
Touria Tazi, présidente de la Ligue marocaine pour la protection de l'enfance, se dit elle aussi “favorable à l'instauration d'une éducation sexuelle pour lutter contre le phénomène en amont, c'est-à-dire, lutter avant tout contre le phénomène des mères-célibataires car ce sont ces enfants qui se retrouvent abandonnés dans la rue et qui sont le plus exposés aux agressions”.
“Nous souhaiterions par dessus tout la légalisation des interruptions volontaires de grossesse car c'est par là que tout commence. Une fois ce problème enrayé, il n'y aura plus de place pour ce cercle vicieux.”Touria Tazi
Le département du développement social se penche actuellement sur la réalisation de deux enquêtes expérimentales dans la ville de Casablanca sur les enfants de la rue et les petites bonnes dont les résultats seront publiés dans le courant de l'année. Nous en saurons alors sûrement un peu plus sur l'impact de ce phénomène et sur l'éventuelle stratégie à adopter.



Dernière mise à jour : 31.05.2010 à 09:53

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