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vendredi 9 avril 2010

Francophone Voices of the ‘New’ Morocco in Film and Print : (Re) presenting a Society in Transition

Un livre dresse l'état de la littérature et du cinéma marocains (note de lecture)
par
Anoumou AMEKUDJI, 15/2/2010. Traduit par Isabelle Rousselo, Tlaxcala


Je vous propose un résumé de Francophone Voices of the ‘New’ Morocco in Film and Print: (Re) presenting a Society in Transition, ouvrage de référence publié par l’universitaire américaine Valérie Orlando en juin 2009, aux éditions Palgrave Macmillan dans l’Etat de New York.

Dans les deux premières pages de Francophone Voices of the "New" Morocco in Film and Print : (Re) presenting a Society in Transition, le lecteur peut comprendre que Valérie Orlando a l'intention de traiter de l'histoire complète de la fiction marocaine. Afin de clarifier ses intentions, elle écrit "Ce livre évalue à quel point la littérature, la presse et le film francophones marocains reflètent les transitions socioculturelles et politiques qui ont eu lieu au Maroc depuis 1999 et depuis le couronnement de Mohamed VI (plus connu sous le nom de "M6")."

L'essai de Valérie Orlando est divisé en sept sections. Le premier chapitre "Le pouvoir de l'engagement : Ecrire sur le front de la politique et de la culture dans le nouveau Maroc", redéfinit d'abord l'idée de l'écriture engagée puisque "Etre engagé pour l'auteur maghrébin est presque synonyme d'utiliser la langue française, comme Dominique Combe l'a souligné dans son étude Poétiques Francophones…" Puis elle présente le travail de Rida Lamrini (La Saga des Puissants de Casablanca) et de Touria Oulehri (Les Conspirateurs sont parmi nous). Orlando souligne les caractéristiques dans la littérature de Lamrini de cette façon : "Les messages de Lamrini tournent autour de trois thèmes principaux qu'il défend comme les clefs pour résoudre certains des nombreux maux du pays (i) :  le besoin d'assurer le bien-être des enfants pour que les futures générations de Marocains prospèrent ; (ii) la nécessité d'une révision en profondeur de la constitution marocaine afin que le pays transite vers une forme de gouvernement plus démocratique et moins autoritaire…" Et pour Oulehri, Valérie Orlando écrit : "Le roman d'Oulehri est fondé de façon thématique sur la contestation et le fractionnement. Non seulement ses messages sont calculés pour enjoindre le lecteur à penser à la répression qui a eu lieu pendant les Années de Plomb mais elle met aussi en doute le patriarcat, notamment le "culte" de la personnalité tyrannique d'Hassan II qui a régné sur le Maroc pendant presque quarante ans."
Le deuxième chapitre met l'accent sur les films et les romans écrits par ou sur des gens qui étaient incarcérés par le gouvernement. La préface donne au lecteur un aperçu du contenu de ces comptes-rendus écrits et visuels. Le commentaire suivant illustre parfaitement ce chapitre : "A travers les filtres de la mémoire et la révision de l'histoire, ils révèlent certains des détails les plus obscurs des Années de Plomb, un passé séquestré dans la psyché nationale du Maroc." Valérie Orlando est plus précise en ce qui concerne la description des romans de cette nouvelle école, comme "Le Couloir : Bribes de vérité sur les années de plomb", "La chambre noire". Elle déclare à propos de ces romans : "Leurs histoires offrent des révélations sur l'oppression générale du peuple marocain dans les années 1970 par rapport à l'incapacité électorale, à la liberté d'expression et au droit de se réunir. Malgré l'oppression et les efforts calculés du régime pour supprimer les groupes communistes, les témoignages révèlent un combat pour promouvoir une idéologie universelle liée à d'autres pays frontaliers."
Les défis auxquels font face les femmes marocaines au quotidien sont le sujet du troisième chapitre intitulé : "Éditer des femmes : les voix féminines des activistes sociaux". Concernant ces défis, l'auteur fait allusion non seulement aux problèmes familiaux mais aussi aux contraintes religieuses et traditionnelles qui empêchent le développement de ces femmes. Afin de traiter de ces défis, elle étudie des œuvres comme Le Corps dérobé de Houria Boussejra et Oser Vivre de Siham Benchekroun. La conclusion à laquelle elle arrive au sujet des oeuvres de ces auteurs est que "Ces femmes ont brisé le silence des Années de Plomb muselées pour écrire de vrais "testimonios" (témoignages) comme l'ont fait leurs consœurs hispaniques au Chili et ailleurs en Amérique latine."
Les questions liées à la sexualité et au genre jouent un rôle primordial dans la quatrième partie du livre, intitulée "Sexualité, Genre et le roman homo-érotique du Nouveau Maroc". Selon le professeur Orlando, les auteurs marocains qui adoptent ce type de littérature ont un objectif spécifique : " Ils incitent le lecteur à penser au genre, à la liberté sexuelle et à l'émancipation autant des hommes que des femmes par rapport aux chaînes du traditionalisme inhérent à la société marocaine". Le cinquième chapitre de l'ouvrage d'Orlando est une grosse partie dédiée à l'impact du journal Tel Quel sur la société marocaine moderne. En quelques mots, Orlando explique le rôle de Tel Quel : "Tel Quel regarde avec voyeurisme, à travers le miroir de sa propre société afin d'exposer l'injustice et encourage ensuite la réflexion tout en essayant d'éviter le dogmatisme."
La thématique développée dans le sixième et avant-dernier chapitre est proche de celle examinée dans le chapitre précédent. Intitulé "L'individu humaniste dans le Maroc contemporain", Valérie Orlando y analyse le corps de l'œuvre d'auteurs tels que Souad Bahechar (Le Concert des Cloches) et Mahi Binebine (Cannibales). Elle conclut : "Ils ont établi les narrations de leurs romans sur un terrain neutre afin d'essayer de trouver une négociation entre les visions contradictoires de l'Orient et de l'Occident, les jeunes et les vieux, le traditionnel et le moderne."
Orlando conclut son livre sur la société marocaine moderne avec "Le Maroc sur les écrans : le cinéma dans le nouveau Maroc". Dans cette section, Orlando sous-entend que le "nouveau" cinéma marocain révèle des questions qui apparaissent comme tabou et qui mènent ses auteurs à la prison. Pour défendre ses arguments, elle cite des films comme "J'ai vu tuer Ben Barka", "Le Grand voyage", "Les yeux secs" et "Marock" qui parlent des aspects sérieux de la vie politique dans le royaume ainsi que de pertinentes questions de société comme la marginalisation des femmes dans la campagne marocaine.
Le livre « Francophone Voices of the New Morocco in Film and Print : (Re)presenting a Society in Transition" apporte assurément un souffle d'air frais, en particulier pour la recherche sur les différents types de littérature marocaine et de cinéma marocain. Comme il contient des bases très récentes de recherche sur un sujet souvent traité, il est ainsi important de lire et de partager son contenu non seulement avec des étudiants mais aussi avec d'autres chercheurs qui travaillent sur le même thème, des journalistes et des critiques.

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