vendredi 2 septembre 2016
Alors que
nous préparions notre action contre l’interdiction du burkini, nous avons
appris la fermeture de l’usine Caterpillar. 2200 ouvriers et employés vont
perdre leur emploi, plus de 5000 familles seront directement frappées dans la
région.
Alors à ces militants de gauche qui nous reprochent de faire des « diversions »
avec nos actions contre l’islamophobie et de ne pas nous occuper des « vraies
luttes » pour l’emploi, je voudrais dire aujourd’hui : notre cœur et
notre esprit sont assez grands pour nous battre à la fois avec les travailleurs
de Caterpillar privés de leur droit au travail et de leur dignité et en même
temps avec ces femmes musulmanes pourchassées sur les plages en France, privées
de leur droit aux loisirs et de leur dignité.
À ceux qui
nous reprochent de faire le jeu des terroristes, je voudrais rappeler qu’une
des premières femmes tombées à Nice sous les roues du camion blanc, était une
femme musulmane portant le foulard et que sa famille aujourd’hui subit la
double peine du deuil et du regard suspicieux de nombreux Niçois qui voient en
chaque musulman un terroriste potentiel.
C’est cette
société qui licencie à tour de bras, qui discrimine, qui exclut, qui prive les
jeunes d’avenir et de perspectives, qui organise les guerres et vend à Israël
des bulldozers Caterpillar pour terroriser le peuple palestinien, c’est cette
société dite démocratique et civilisée qui est la véritable fabrique de
terreur.
Nous sommes
ici parce que nous avons été révoltés par les images de cette femme se reposant
sur la plage, brusquement entourée de policiers en arme lui ordonnant de se dévêtir.
Par la passivité des spectateurs,
plus préoccupés de faire bronzer toutes
les parties de leur corps que de défendre le droit d’une femme à n’en exhiber
qu’une partie.
Rappelons
qu’un journaliste du temps d’Hitler avait écrit que les Juifs devraient être
plus discrets. Et on ne peut pas reprocher aux Juifs de ne pas l’avoir été ;
ils ont accepté beaucoup jusqu’à la solution finale et ceux qui alors ont dit
que la chasse aux Juifs était une diversion par rapport à la lutte contre le
chômage sont en partie complice de leur extermination.
On reparle
aujourd’hui en France de la peine de mort, de prisons à la Guantanamo, d’un
Patriot Act à l’américaine et l’épisode burkini n’est pas une diversion mais
bien une préparation systématique de la population à accepter l’inacceptable.
C’est pour
cela que nous sommes ici.
Nous sommes
aussi ici en tant que femmes qui nous sommes battues pour le droit de porter ou
non des pantalons, de porter ou non la minijupe ou le bikini, parce que nous en
avons assez qu’une société toujours aussi masculine édicte des lois, des règles
morales, des règlements d’ordre intérieur pour décider quelle partie de notre
corps nous les femmes sommes obligés de montrer ou de cacher. Notre pudeur nous
appartient et personne n’en décidera à notre place, ni l’État, ni la police, ni
les autorités administratives. Quant à nos hommes, nos maris, nos pères, nos
frères, la question de savoir si nous acceptons ou non leurs ordres, leurs
conseils, leurs désirs, c’est une affaire privée qui ne regarde que nous.
Femmes et
hommes solidaires, nous nous battrons pour le respect et la justice, autant
pour les familles de Caterpillar que pour les femmes persécutées de Nice, d’ici
et d’ailleurs.
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