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samedi 28 décembre 2013

Dérapage verbal de François Hollande : Alger s’indigne et pardonne. L’Elysée regrette mais ne s’excuse pas

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Par Nadjia Bouaricha, El Watan, 22/12/2013
zoom | © Photo : M. Salim

Le ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, a exhorté hier François Hollande à trouver «le moyen de tourner la page, avant la fin de cette année, de l’incident regrettable» dont il a été à l’origine la semaine dernière en se réjouissant du retour de son ministre de l’Intérieur, Manuel Valls «sain et sauf» de son voyage à Alger.

Je vais improviser une réaction, car il semble bien que nous soyons en présence d’une improvisation d’une plaisanterie, et les improvisations sont souvent périlleuses», lance M. Lamamra à l’entame d’une longue réponse à une question sur la vanne de très mauvais goût sur l’Algérie prononcée par le chef de l’Etat français, lundi dernier, devant les membres du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF). Le ministre algérien, qui animait une conférence de presse conjointe avec son homologue chinois en visite en Algérie, ne se prive pas de rappeler qu’il y a juste une année, le même président français avait effectué une visite d’Etat en Algérie, et qu’il n’avait pas «manqué» de profiter des bains de foule à Alger comme à Tlemcen avec le président Bouteflika. «Il a pu bénéficier de l’hospitalité chaleureuse du peuple algérien», dit-il.
M. Lamamara précise, en outre, que lors de la visite à Alger du ministre Manuel Valls, la semaine écoulée, faisant partie de la délégation du Premier ministre Jean Marc Ayrault : «Je n’ai à aucun moment senti chez lui la moindre inquiétude concernant sa propre sécurité ou celle d’un autre membre de la délégation.»
Le président Hollande, devant son auditoire du CRIF, avait, pour rappel, lancé que son ministre de l’Intérieur était de retour d’Alger et qu’«il en revient sain et sauf… C’est déjà beaucoup». Une phrase dite sur un ton moqueur, invitant à des lectures très peu flatteuses sur la sécurité en Algérie et la nature des Algériens. «Ma réaction personnelle est en communion avec celle de tout le peuple algérien. Nous sommes là pour capter et refléter les aspirations de notre peuple», note encore le chef de la diplomatie algérienne avant de dire, sur un détour de phrase, que l’humour de Hollande manque d’élégance. «Le sens de l’humour peut apporter ou donner une valeur ajoutée au sens des responsabilités lorsqu’il s’exprime avec élégance et mesure. Il introduit une décontraction devant cette pratique des plus austères qu’est la diplomatie», dit M. Lamamra en notant, dans un langage diplomatique, que dans le cas de Hollande, le coup d’essai est loin d’être un coup de maître. «L’humour peut être aussi une moins-value lorsqu’il exprime une réaction qui n’est pas celle rapportée par tous sur la population algérienne et l’Algérie», indique M. Lamamra en affirmant que la déclaration de Hollande est bel et bien «une moins-value par rapport à l’esprit qui anime les relations entre les deux pays».
Continuant sur la même lancée, le chef de la diplomatie algérienne fait remarquer que l’année 2012 s’était achevée sur «le succès éclatant de la visite d’Etat de François Hollande à Alger, l’année 2013 n’est pas encore à son terme, nous ne souhaitons pas terminer sur une mauvaise note», dit-il sur un ton emprunt de fermeté et devant son homologue chinois, qui avait annoncé le lancement d’un plan quinquennal pour un partenariat stratégique et global entre la Chine et l’Algérie.
Ramtane Lamamra a par ailleurs esquivé une question sur la déclaration du Premier ministre français au sortir de son entrevue avec le président Bouteflika, affirmant que ce dernier s’était réjoui du travail accompli par la France au Mali.
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Hassan Moalile 23/12/13 

Le Président par qui le scandale est arrivé a réussi à faire revenir Alger à de meilleurs sentiments par la magie d’un communiqué où il regrette mais ne s’excuse pas.

Le président François Hollande a tenté, hier via un communiqué de l’Elysée, de minimiser l’incident diplomatique qu’il a lui-même provoqué par sa phrase malheureuse sur la situation sécuritaire en Algérie qui a eu l’effet d’une bombe. Sans doute pris de court par l’indignation en chaîne en Algérie comme en France, l’Elysée a réagi par doses homéopathiques pour sortir, à moindre frais, le président Hollande de cet embarras dont il se serait volontiers passé.

Une voix «off» a ainsi glissé, hier, qu’il s’agissait d’une «plaisanterie légère qui pouvait viser n’importe qui dans n’importe quel pays et qui n’avait aucun sens particulier concernant l’Algérie».
Pas suffisant pour stopper la polémique qui enflait des deux côtés de la Méditerranée. Les conseillers de Hollande ont alors pris leur plume non pas pour s’excuser de cette «plaisanterie» de mauvais goût, mais pour dénoncer une «polémique sans fondement». Le communiqué de l’Elysée souligne que le président français «exprime ses sincères regrets pour l’interprétation qui est faite de ses propos et en fera directement part au président Bouteflika».
En clair, le président François Hollande regrette mais ne s’excuse pas du préjudice moral causé par sa déclaration sur le retour «sain et sauf» de Manuel Valls d’Algérie qu’il a prononcé lundi devant le Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF).
On retiendra du communiqué de l’Elysée que Hollande regrette moins ses propos que l’interprétation qui en a été faite en Algérie et en France. Tout se passe comme si sa petite phrase, qui a mis en boule les Algériens, était sujette à interprétation alors qu’elle était d’une clarté absolue.

«Interprétation infondée», selon Hollande

La présidence française fait, par ailleurs, valoir «l’amitié» de François Hollande avec l’Algérie et le «grand respect» qu’il a pour son peuple, pour plaider non coupable. «Chacun connaît les sentiments d’amitié que François Hollande porte à l’Algérie et le grand respect qu’il a pour son peuple, comme l’ont prouvé la visite d’Etat qu’il a effectuée en décembre dernier et les discours qu’il a prononcés», a indiqué l’Elysée dans un communiqué.
Et cette profession de foi semble avoir fait revenir les autorités algériennes à de meilleurs sentiments, en témoigne la déclaration du ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, qui affirme avoir pris connaissance «avec satisfaction» du communiqué rendu public par le président François Hollande.
Ce dernier n’a pourtant pas fait son mea-culpa puisqu’il s’est contenté de jeter la pierre à tous ceux qui ont bien compris et non interprété son propos clairement offensant.
Mais qu’à cela ne tienne, Alger a passé l’éponge aussi rapidement qu’elle a fait savoir que les propos de Hollande représentaient une «moins-value à l’esprit qui enveloppe les relations algéro-françaises» et qu’ils constituaient une «improvisation périlleuse».

Alger passe l’éponge

Comme il fallait bien s’y tendre, le ton a sensiblement baissé à Alger et la promesse de Hollande d’en parler «directement avec le président Bouteflika», semble avoir suffi au bonheur du gouvernement qui n’a politiquement pas besoin d’une tension avec la France à quatre mois de l’élection présidentielle.
Un appel téléphonique, hier, du MAE français, Laurent Fabius – qui bizarrement n’était pas du voyage de Jean-Marc Ayrault en Algérie –, a scellé les retrouvailles algéro-françaises après 24 heures de moue…
C’est dire que l’incident est bien clos officiellement par le simple fait que Hollande l’ait mis sur le compte d’une «interprétation sans fondement».
Il serait intéressant de voir comment les partis politiques au pouvoir en Algérie vont réagir à ce règlement à «l’amiable».
La question se pose surtout pour le RND qui a eu des mots très durs à l’égard de la France et de son Président. «Ces propos (ceux de Hollande, ndlr) dénotent la haine vouée par les Français aux Algériens», a asséné son porte-parole, Nouara Saadia Djaafar.
D’autres partis, notamment les islamistes ainsi que d’anciens moudjahiddine, ont appelé le gouvernement a réclamer des «excuses publiques» du président français.
En France aussi, la gaffe de Hollande a servi de carburant à ses compteurs de gauche comme de droite pour le descendre en flammes alors qu’il est déjà en berne dans les sondages. «Mots déplacés», «dérapage verbal», «provocation», «ironie fétide» et même «nausée» sont sortis en rafales des bouches des responsables de la droite et de l’extrême gauche.
Et à ce jeu, l’ex-ministre des Affaires européennes, Pierre Lelouche, du reste proche du CRIF, a porté le coup de grâce à la stature de François Hollande : «Il n’est pas encore rentré dans la fonction présidentielle.» «Interprétation infondée» alors ? Voyons…
 

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