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"C'est un cauchemard, c'est insensé, irréel, ubuesque". Hélène Gallay oscille entre désespoir et persévérance face à la situation de son cousin emprisonné au Maroc depuis 10 mois.
La famille de cet ingénieur de 36 ans passionné de surf, qui s'est installé à Essaouira il y a trois ans et fonctionne en télétravail pour l'entreprise grenobloise Dolphin, s'est organisée pour soutenir Thomas Gallay dans l'épreuve qu'il traverse.
Sa mère s'est installée à Rabat et lui rend visite en prison chaque semaine. D'autres membres de la famille ont fait le déplacement à plusieurs reprises.
Et pour son procès en appel, ils ont recours aux services du célèbre avocat Frank Berton, qui avait notamment obtenu en 2013 la libération de Florence Cassez injustement incarcérée au Mexique, pour qu'il le défende dans le procès en appel qui se tient depuis le 23 novembre.
Interpellé le 18 février 2016 à son domicile d'Essaouira, Thomas Gallay a été placé 12 jours au secret à Rabat, selon la procédure de garde à vue marocaine. 12 jours de prison sans aucun contact avec l'extérieur au terme desquels les policiers lui ont fait signé un document rédigé en arabe, destiné selon leurs dires à permettre sa libération.
Au lieu d'être remis en liberté, il est alors appelé à comparaître devant un juge d'instruction. Bénéficiant des services d'un avocat marocain, il a alors accès à la traduction du document qu'on lui a fait signer : des aveux reconnaissant une conversion à l’islam, un engagement et des activités dans la mouvance djihadiste assortis d’un soutien financier à des personnes projetant des actes terroristes.
Thomas Gallay a évidemment réfuté ces "aveux" et clamé son innocence.
Son avocat Maître Jamaï, du Barreau de Rabat, a plaidé que " des Procès Verbaux établis dans de telles conditions, non conformes à la Constitution marocaine, ni aux règles du Droit Marocain, ni à celles du Droit International dictées dans la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme (Articles 10 et 11) ni à celles du Pacte International relatif aux Droits civils et politiques (Article 14), devaient être irrecevables par une Cour de justice".
Thomas Gallay a été condamné le 14 juillet 2016, à une peine de 6 ans de prison ferme.
Depuis le 23 novembre, son procès en appel est en cours. Des audiences ont lieu normalement tous les mercredis, mais certaines ont été annulées. Celle de ce mercredi 21 décembre a été écourtée, et il n'est pas sûr que Me Berton ait le temps de plaider. La date de délibéré serait alors reportée du 11 au 25 janvier.
Concrètement, Thomas Gallay est accusé d’avoir prêté, voire donné, à un ressortissant marocain, une somme globale de 700 Dirhams (soit 69 euros). Des faits qu'il reconnaît : il a donné cet argent à cet homme par l'intermédiaire de qui il loue son appartement à Essaouira, pour lui permettre notamment de soigner un abcès dentaire.
Mais il se trouve que ce même homme a été arrêté en possession d'armes lourdes, et serait lui, en lien avec une entreprise terroriste.
Alertées sur cette affaire, les 3 plus grandes ONG internationales de défense des Droits de l’Homme, Human Rights Watch, Amnesty International et la FIDH (Fédération Internationale des Droits Humains) ont analysé ce dossier et écrit un courrier aux autorités marocaines et françaises pour attirer leur attention sur tous les vices constatés dans cette procédure.
Maître Frank Berton, avocat au Barreau de Lille, a lui aussi écrit au Ministre français des Affaires Étrangères et à celui de la Justice pour leur signaler que l’un de leurs concitoyens était victime d’un procès inéquitable .
Une pétition est en ligne pour demander le soutien du gouvernement français.
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