La tension monte de nouveau entre Rabat et Nouakchott. Le Royaume chérifien a annoncé que l’armée et les services de la douane ont mené, à partir de dimanche 14 août, des opérations d’assainissement au niveau de la région de Guerguerat (poste-frontière au sud-ouest des provinces du Sahara). Ces opérations ont pour but de “mettre fin aux activités de contrebande et de commerce illicite”, indique un communiqué de l’Agence marocaine de presse (MAP).
Zone de contrebande
Le communiqué de la MAP a souligné que cette action a permis “l’évacuation de trois points de rassemblement de carrosseries de voitures et de camions d’occasion, comprenant plus de 600 voitures”.
Selon le site marocain Yabiladi, la zone de Guerguerat, qui est un territoire sous le contrôle et l’administration du Maroc, “fait office de haut lieu de trafics en tous genres, notamment de voitures et de drogue”.
Vive tension
Ces opérations de ratissage interviennent alors que “les relations maroco-mauritaniennes sont extrêmement tendues, estime Yabiladi. L’opération menée par les Forces armées royales est particulière, et pour cause, elle se déroule dans une zone située au-delà du mur de sécurité, d’où l’ire de la direction du Polisario”, poursuit le site marocain.
Le Polisario est un mouvement dont l’objectif est l’indépendance totale du Sahara-Occidental. Actuellement, le Maroc contrôle et administre environ 80 % du territoire sahraoui, tandis que le front Polisario en contrôle 20 % derrière un long mur de défense marocain (voir la carte ci-dessus).
Le site algérien Tout sur l’Algérie est allé plus loin dans son interprétation, il estime que le royaume “tente d’intimider la Mauritanie”. “Cette démonstration de force de l’armée royale pourrait être dirigée contre la Mauritanie, notamment après les dernières accusations portées à l’égard de l’armée de cette dernière, qui aurait hissé le drapeau mauritanien dans la bourgade de Lagouira”, une ville à l’extrême sud du Sahara-Occidental.
Le Polisario proteste
Le mouvement indépendantiste sahraoui Polisario a dénoncé cette intervention. Il a convoqué, le 15 août, le chef de la délégation de la Minurso (Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental) installé à Tindouf. Le but : “Lui faire part de ses ‘vives protestations’, après ce qu’il désigne comme étant ‘la violation marocaine du cessez-le-feu’ conclu entre les deux parties sous l’égide de l’ONU en septembre 1991”, rapporte Yabiladi avant de commenter :
La sortie du Polisario peut paraître assez étrange alors que le mouvement séparatiste effectue des manœuvres militaires et organise des congrès et des cérémonies dans les autres parties de la ‘zone tampon’ du Sahara-Occidental sans que les Nations unies lèvent le petit doigt.”
L’ONU évite de prendre position
Selon Yabiladi, la question des opérations sécuritaires marocaines a été soulevée par un journaliste le 16 août, lors du traditionnel point de presse du porte-parole du secrétaire général de l’ONU, et la réponse, telle qu’elle figure sur la retranscription de l’ONU, était “très diplomate” :
La Minurso a pris connaissance de présumées violations dans la partie sud-ouest du Sahara-Occidental, près de la Mauritanie. La Mission se concerte avec les deux parties en vue d’établir les faits et de déployer, s’il est nécessaire, ses compétences conformément à son mandat.”
À LIRE AUSSI
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire