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vendredi 12 août 2016

Nous sommes arrivés au jour où le pire nous semble normal.

Très beau texte !
Une lectrice de La Nouvelle Tribune, qui fait partie de la famille de la personne grièvement blessée par des jets de pierres sur les voitures au niveau de l’autoroute de Bouznika, nous a fait parvenir ce texte « coup de gueule », dans lequel elle déplore l’insécurité permanente qui règne dans les villes marocaines, et appelle les membres du gouvernement à réagir.
Le jour…
Où tu es devant chez toi, et deux gars en moto te frôlent, chopent ton sac et te traînent sur une vingtaine de mètres pour le plaisir de te voir rebondir comme une balle sur l’asphalte… Cela te semble normal.
Où tu entends tes enfants te dire que leur prof est sur son mobile pendant toute l’heure de cours parce qu’il veut tout sauf avoir à leur parler, à leur apprendre ou même à les entendre.
Cela te semble normal.
Où tu t’interdis de prendre le train après la tombée de la nuit, parce que tu es certaine qu’au minimum on va te harceler et au maximum on va te tuer sur le quai de la gare de la petite ville. Cela te semble normal.
Où tu t’enfermes dans la voiture, vitres montées pour rouler en ville, en suffoquant sous 35 degrés. Cela te semble normal.
Où sous ton regard impuissant, une petite fille de 4 ans vend des chewing-gums au feu rouge du coin. Cela te semble normal.
Où marcher dans une rue commerçante en pleine journée avec le ventre noué est ton quotidien, et tu te demandes si tu vas rentrer chez toi avec ton visage à moitié balafré. Cela te semble normal.
Où tu rencontres environ toutes les 3 secondes des gars totalement « défoncés » au karkoubi prêts à te déchiqueter. Cela te semble normal.
Où tu prends la route en priant pour qu’aucun pavé ne te soit balancé par dessus un pont. Cela te semble normal.
Où quand tu as traversé la rue, sur le passage piéton et au feu rouge, tu as réussi l’exploit de ne pas te faire arracher la jambe successivement par deux voitures. Cela te semble normal.
Où en te promenant sur une corniche, tu rencontres successivement en moins de 100 mètres : un aveugle, un handicapé moteur, un homme sans jambes, une femmes sans bras, une adolescente en haillons, une vieille femme la peau sur les os en pleurs, et tu sais que tu ne peux rien faire… cela te semble normal.
Où tu as peur le soir, après avoir dîné avec des amis, de faire une banale crevaison en pleine ville, parce que tu es seule et que tu vas te faire dépecer. Cela te semble normal.
Où tu appelles ta fille qui est au lycée environ 10 fois, parce que tu sais qu’elle a déjeuné dans le quartier, et que tu veux t’assurer qu’elle ne s’est pas faite violer par un fou furieux. Cela te semble normal.
Où tu as rendu visite à ton ami aux urgences d’un hôpital de Casablanca (la capital économique du Maroc), et tu as dû enjamber des dizaines de malades affalés par terre faute de lit, sur un sol baigné de sang, sous le regard désespéré des médecins impuissants. Cela te semble normal.
Dites, Mesdames et Messieurs les ministres, et en premier lieu Monsieur le Chef du gouvernement, censés être responsables de nos vies….
Est-ce que vous vous trouvez normal que la moitié de nos salaires soit ponctionnée pour les impôts et que nous, nous trouvions normal de vivre dans une totale insécurité, totale injustice, que notre système éducatif soit totalement inexistant, et que nos centres hospitaliers soient quant à eux totalement flippants?
Et que de plus en plus, il est normal de payer des sommes astronomiques pour l’éducation et pour préserver la santé des enfants? Et les 95% restant de notre population qui n’y peuvent rien! Ils font quoi, Mesdames et Messieurs du gouvernement?
Que nous vivons dans une terreur constante de nous faire agresser, tuer ou renverser?
Chers membres du gouvernement, vous mettez un peu le nez dehors, ou pas?
Nous sommes arrivés au jour où le pire nous semble normal.
Une lectrice de La Nouvelle Tribune

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