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vendredi 6 mai 2016

Des peines de prison pour les journalistes…

Publié le 02 mai 2016



On aura beau dire, la liberté de la presse et la liberté tout court pour les journalistes, ce n’est pas pour demain… le gouvernement a déposé, et fait passer en commission la semaine dernière, un projet d’amendement de certains articles du Code pénal, prévoyant des peines privatives de liberté pour les journalistes qui toucheraient aux « fondamentaux ».
Ainsi, un journaliste qui porterait atteinte (mais qu’est-ce que porter atteinte ?) aux fondamentaux du pays que sont la religion, l’intégrité territoriale et la monarchie, encourrait une peine de 2 à 5 ans et une amende de 50.000 à 500.000 DH, ou l’une des deux peines seulement. Et ce sera au juge de se prononcer sur ces atteintes, c’est-à-dire que nous sommes loin des affirmations du ministre de la Communication Mustapha el Khalfi, qui a dit, redit (et même assourdi) que le nouveau projet de Code de la presse est exempt de peines de prison pur les journalistes.
Ce projet de loi a été voté en fin de semaine dernière par la commission de la législation à la Chambre des représentants.
Le plus grave est que, selon Abdallah Bakkali, le président du Syndicat national de la presse marocaine, il s’agit de la première fois qu’un  juge aurait ainsi le droit d’envoyer un journaliste en prison, pour fait professionnel. Jusque-là, c’était la diffamation, l’injure, le chantage… des délits de droit commun et non pas journalistiques.

Alors, quand Mustapha el Khalfi dit que son Code ne prévoit plus de peines de prison, il faudra ne plus le croire sur parole sachant qu’il a établi des passerelles indirectes entre les deux code, le pénal et celui de la presse. Mais pour le monde et les profanes, les apparences sont sauves, il n’y a pas de peines privatives de liberté pour les journalistes au Maroc, sauf si l’on y regarde de plus près.
Questions ? Parler de la fortune du roi est-il une atteinte à la monarchie ? Evoquer la laïcité est-il une atteinte à la religion ? Interviewer Aminatou Haidar est-il une atteinte à l’intégrité territoriale ? Pour n’importe quel journaliste, la réponse est non. Peut-être pas pour les juges…

M. el Khalfi devrait savoir, s'il ne le sait pas déjà et feint de l'ignorer, que les trois fondamentaux que sont, pour faire court, Dieu, la Patrie, le Roi, font l'objet d'une quasi unanimité des Marocains, et les journalistes, forcément, font partie de cette unanimité. En revanche, le fait d'intégrer la religion dans le discours politique n'est-il pas, lui, une atteinte à cette même religion ?...
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