Maroc. Des larmes aux normes françaises
Rosa Moussaouin 25/7/2017
L'Humanité
Il
n’y a « pas lieu de craindre une volonté de répression quelle qu’elle
soit » dans le Rif, assurait Emmanuel Macron le 14 juin, à l’issue de sa
première visite au roi du Maroc, Mohammed VI. Le même jour, les
premières peines de prison ferme étaient prononcées contre des
activistes du Hirak, le mouvement populaire qui secoue, depuis neuf
mois, le nord du Maroc. Pas de volonté de répression ? Jeudi, c’est une
violence déchaînée qui s’est abattue sur les manifestants à Al Hoceïma.
Imad Al Attabi, a été transporté à Rabat en hélicoptère, dans le coma
Dans la ville quadrillée par les policiers et gendarmes,
toute tentative de former un cortège était accueillie par des coups et,
surtout, des tirs de grenades lacrymogènes. Des engins de fabrication
française, comme en témoignent les photographies prises en présence de
membres de l’Association marocaine des droits humains (AMDH). D’après la
préfecture d’Al Hoceïma, onze manifestants ont été blessés « suite à
l’usage du gaz lacrymogène ». Bilan largement sous-estimé, selon tous
les témoins joints sur place. Grièvement blessé à la tête par l’une de
ces grenades, un jeune activiste, Imad Al Attabi, a été transporté à
Rabat en hélicoptère, dans le coma. En 2011, on s’en souvient, Michèle
Aliot-Marie volait au secours du dictateur tunisien Ben Ali en lui
offrant, à la veille de sa chute, le « savoir-faire sécuritaire »
français. Six ans plus tard, Paris reste l’un des principaux fabricants
de matériel de répression, en particulier de grenades lacrymogènes.