Le MRAX, la Ligue des Droits de l'Homme et Amnesty International
ont lancé un nouvel appel, lundi, en faveur de la libération d'Ali
Aarrass, un citoyen belgo-marocain extradé en 2010 par l'Espagne vers le
Maroc, où il a été condamné en 2012 à douze années de prison. Aarrass,
soulignent les trois associations, a été torturé par les autorités
marocaines en vue de lui extorquer des aveux de complicités terroristes.
L'homme, âgé de 53 ans, a entamé sa sixième grève de la faim le 25
août dernier à la prison de Salé II, au Maroc, pour dénoncer les sévices
et les conditions de détention qui lui sont infligés. Ses jours sont en
danger, selon le MRAX et la Ligue des Droits de l'Homme.
Mais les conditions de détention le placent dans une situation de
violence psychologique et physique telle qu'il est décidé à continuer sa
grève jusqu'à ce que les autorités belges répondent à ses demandes, ont
expliqué les deux organisations, lundi, au cours d'une conférence de
presse.
Ali Aarrass, qui est représenté par Me Christophe Marchand, avocat
belge spécialisé dans les droits de l'homme, a la double nationalité,
belge et marocaine. Les autorités marocaines demeurent résolument
hermétiques à ses requêtes. Ali Aarrass demande notamment que le
gouvernement belge réclame et obtienne le rapport ou les conclusions de
l'enquête sur les tortures qui lui ont été infligées, incluant un examen
médical, exigée par le Comité contre la torture de l'ONU au Maroc le 27
mai 2014.
Le gouvernement, poursuivent le Mrax, Amnesty et la Ligue des Droits
de l'Homme, doit faire pression sur les autorités marocaines qui, après
un an, n'ont toujours pas donné suite à la demande du ministère des
Affaires étrangères d'autoriser la visite consulaire de la Belgique
auprès de son ressortissant détenu.
Le gouvernement belge, enfin, doit exiger la mise en liberté
immédiate en conformité avec les recommandations venant du Groupe de
travail des Nations unies sur la détention arbitraire.
Ali Aarrass n'a toujours pas été définitivement jugé ou condamné et
la détention provisoire dépasse aujourd'hui tout délai raisonnable prévu
par la loi. Sa mise en liberté immédiate après bientôt 8 ans de
détention est la moindre des choses en attendant la réouverture d'un
procès (en cassation) équitable, lancent les associations qu soutiennent
notre compatriote.
Les humiliations, coups, insultes, provocations et autres traitements dégradants, sont révélés en partie par un document vidéo "tourné" en 2012.
Le belgo-marocain Ali Aarrass a été condamné à 12 ans de prison au
Maroc à la suite d'accusations portées directement contre lui par
Abdelkkader Belliraj, qui faisait du premier un membre de son réseau. Il
a été condamné pour avoir introduit des armes au Maroc, armes destinées
à des groupes djihadistes actifs notamment en Algérie.
Ali Aarrass nie formellement les accusations portées par Belliraj, également obtenues, semble-t-il, sous la torture.
Belliraj, Belgo-Marocain lui aussi, a été condamné en 2011 au Maroc à
la perpétuité pour appartenance à une organisation terroriste et pour
six assassinats commis à Bruxelles à la fin des années 80. Ce dossier
portait sur six assassinats qualifiés de politiques, mais aussi sur des
préventions de terrorisme.
Le profil de l'intéressé apporte des arguments aux défenseurs d'Ali
Aarrass, qui font dès lors valoir l'absence de fondement des charges
retenues contre celui-ci.
De la xénophobie d'état
Pour Carlos Crespo, président du MRAX, "la Belgique donne des
leçons de civilisation à la tribune des Nations-Unies mais est incapable
de protéger ses citoyens nationaux. Le désintérêt total manifesté
envers le sort d'Ali Aarrass est emblématique d'une certaine xénophobie
d'état."
Alexis Deswaef, président de la Ligue des Droits de l'Homme, déplore l'existence de citoyens de seconde zone. "Celui
qui possède la double nationalité - même s'il ne l'a pas souhaité comme
c'est le cas d'Ali Aarrass - sera toujours un citoyen de seconde zone,
ce qui est inacceptable". Enfin, pour Amnesty, Zoé Spiret rappelle
qu'Ali Aarrass a été choisi comme emblème pour la campagne de
l'association contre la torture et que le Maroc fait partie des cinq
pays choisis comme cible de cette campagne.
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