Dans ce
cadre, il est à souligner avec un maximum de fierté les nombreux points
positifs engendrés par une décision qui, pour le moins, semble
totalement ignorer la grande sensibilité des Marocains à la pédophilie,
parmi lesquels cette formidable mobilisation qui a mis en relief :
•
Le rôle prépondérant de la Toile et l’excellence de la gestion de
ladite affaire de la part d’hommes et de femmes mus par le même désir de
liberté, de dignité et de justice.
• La campagne tout azimut de
sensibilisation, animée par de bonnes volontés n’attendant, ni ordre
d’un Bureau politique, ni feu vert de chefs et de sous-chefs.
• La
couverture médiatique au niveau mondial, rarement réalisée concernant
les affaires marocaines où des lobbies s’activent d’habitude assez
rapidement afin de l’étouffer dans l’œuf.
• L’absence de visée
idéologique ou de désir d’instrumentalisation d’un dossier où les
victimes pourraient être nos enfants, ainsi que le caractère de
solidarité humaine et d’action humanitaire de l’action.
• La
présence remarquée d’artistes, d’acteurs et de bon nombre de cadres de
la société civile, qui le 2 août 2013, ont bien défié la horde de flics
venus taper dans le tas.
• Le fait que cette fois, l’action revêt un
caractère qui touche la dignité de l’ensemble des familles marocaines
et pourrait –si on gère bien les actions à venir-, réaliser un consensus
national.
• La participation de sensibilités différentes, en
grande parties comme individus conscients de la gravité d’une décision
criminalisée par toute l’opinion nationale et internationale.
• Le formidable héroïsme des uns et des autres, ainsi que la ténacité dans la rue face à la répression.
• L’incroyable courage de Nabila Mounib et la position sans équivoque de l’AMDH, ainsi que de quelques autres associations.
• Et enfin, l’absence de peur de fouler aux pieds une sacralité
séculaire : un héritage figé de générations de Marocains forcés à
considérer que toutes les décisions royales étaient et demeureraient
jusqu’à la Fin des Temps, inviolables.
D’un autre côté, ce dossier a mis à nu :
• La démission et la défaillance caractéristique de certaines
associations dont l’unique souci est de préserver les intérêts
personnels de leurs responsables, notamment celles dont l’article 1 de
leurs statuts, est : la protection de l’enfance !
• Le silence
assourdissant de l’opposition parlementaire et de ses ténors qui ont
l’art et l’habitude de défrayer la chronique. Celui des islamistes
(toutes tendances confondues), dont les affaires de « morale » seraient
leur chasse gardée et qui ont cette fois, ont préféré avaler leurs
langues que de défier un Roi utilisant d’autres islamistes de service.
Et enfin l’absence totale de réaction de la part des partis de la
majorité gouvernementale, occupée exclusivement à discuter de postes
gouvernementaux dans le gouvernement revu et corrigé de Benkirane.
•
La grave compromission du ministre de la justice qui a préféré se
défiler derrière « l’intérêt national », ainsi que de Bassima Hakkaoui
et du chef du gouvernement qui n’ont fait aucune déclaration à propos de
cette affaire. Quand au PJD, sachant qu’il est dans le collimateur de
certains « modernistes » du Palais, il a lui aussi préféré garder le
mutisme afin de préserver ses intérêts et la majorité de ses postes au
gouvernement.
• La seule réaction d’un parti politique marocain (ce
qui est pour le moins étrange !), était celle du PAM qui demande la
constitution d’une commission d’enquête et se solidarise avec les
victimes. Position qui serait de nature à nous édifier sur « la solution
définitive » du problème (créé par cette mesure de grâce inique), qui
est certainement entrain d’être mijotée à l’intérieur du Palais royal,
ou du moins sur l’état du débat que certaines sources imputent à des
membres du cabinet.
• La scandaleuse absence des médias makhzéniens (télévisions « publiques »), ainsi que des radios qualifiées de « libres ».
2 - Mais d’abord, qui est cet homme dont la libération a provoqué une
indignation générale à l’intérieur du Maroc et promet de faire tomber
plusieurs tête d’un côté comme de l’autre du détroit de Gibraltar ?
Officiellement, Daniel Galvan Viña, est un citoyen-lambda surnommé le
«violeur de Kénitra», un Espagnol de 64 ans déclarant qu’il était un «
professeur universitaire » à la retraite. Arrêté en 2010 pour
pornographie et abus sexuels sur 11 enfants âgés entre 3 et 15 ans,
celui-ci sera condamné en septembre 2011 par la Cour d’Appel de Kénitra
(la ville où il sévissait impunément jusque-là), à 30 années de prison
ferme et à 50.000 dirhams à verser à ses victimes (verdict confirmé par
la Cour suprême et largement applaudi par l’avocat de la famille, ainsi
que par différents observateurs)... Le jour anniversaire de
l’intronisation de Mohamed 6, celui-ci (alors qu’il n’avait purgé
qu’environ 2 années sur les 30 pour lesquelles il avait été condamné !),
sortira de prison après avoir bénéficié d’une grâce royale en compagnie
de 47 autres espagnols.
Officieusement (et là le voile se lève
petit à petit sur l’identité réelle ou probable de cet énergumène),
selon un article qui a l’effet d’une bombe à retardement signé par
Ignacio Cembrero dans le journal espagnol El Pais, le concerné serait né
à Bassorah en 1950, qu’il est donc d’origine irakienne et qu’il aurait
travaillé en tant qu’espion pour le compte de l’Espagne durant une
dizaine d’années. D’autre part, Cembrero ajoute que « Daniel » n’était
qu’un surnom octroyé par les services espagnols afin de cacher
l’identité de celui-ci et que même sa fonction de « professeur
universitaire » retraité résidant à Murcia, n’avait été confirmée par
aucun site officiel de la direction de l’enseignement en Espagne.
Ajoutant de l’huile sur le feu, Ignacio croit que c’est en contrepartie
des louables services d’espionnage que « Daniel » a présentés durant des
années, que les services espagnols avaient « multiplié les efforts »
afin de le libérer de sa prison marocaine…
L’essentiel maintenant,
avec toute l’objectivité requise dans ce genre d’affaires et afin
d’essayer d’y voir plus clair et de dénouer les fils entremêlés d’une
grâce scandaleuse à plus d’un titre, il semblerait que dans les deux cas
de figure, le dossier du dénommé « Daniel », a bien dû avoir la part du
lion du contrôle de la part des services chargés de dresser les listes
des Espagnols appelées à bénéficier de la grâce :
1. Si c’est un
simple pédophile, sachant que la société civile marocaine était de plus
en plus vigilante concernant ce problème et que cet individu n’avait pas
fait une seule victime, mais ONZE dont des enfants en bas âge qui
seront marqués à jamais, la raison et la lucidité auraient dicté qu’un
tel cas devait être écarté de la liste.
2. Si c’est un véritable
espion de l’Espagne (jadis dans l’Irak de Saddam et pourquoi pas
ailleurs aujourd’hui), un Maroc sachant défendre ses propres intérêts
nationaux, devait le garder comme carte de pression dans des affaires de
la plus haute importance, comme le Sahara ou Sebta et Melilia et ne pas
le relâcher aussi facilement et alors qu’il n’avait même pas encore
purgé la moitié de sa peine (comme c’est le cas pour de nombreuses
grâces royales)… D’ailleurs, avec une peine aussi lourde, on a bien
affaire à « un gros calibre » et pas à du menu-fretin !
3- Et
comme on devait s’y attendre, cette libération a bien eu un effet boule
de neige et serait devenue une vague géante qui, si le Palais avait
davantage tardé à publier son communiqué (qui n’est sorti qu’après la
rédaction des 2 premières parties de la présente analyse), aurait
déferlé sur le Maroc faisant d’énormes dégâts, tant au sein de l’Etat
que dans la société et au niveau des relations diplomatiques entre les
deux pays concernés !
Dans ce cadre, remontons un peu dans le temps
et suivant un ordre chronologique et ce afin d’essayer de saisir le
pourquoi et le comment de la plus grande crise qu’ait connue la propre
personne du monarque marocain depuis son intronisation (à ne pas
comparer avec l’impact des actions du mouvement du 20 février qui est
une autre paire de manches). Une véritable tourmente durant à peine
quelques journées où n’importe quel observateur aurait pu constater le
chaos monstre où se trouvèrent les preneurs de décision concernant cette
affaire, ainsi que ceux et celles qui gravitent autour du pouvoir,
assumant à leur tour et en grande partie la pérennité de l’autocratie,
des passe-droits, du bon-vouloir, du clientélisme exacerbé et de la
grande humiliation du peuple marocain. Quelques jours où bien des
masques sont tombés, où un véritable tri entre démocrates et pourritures
a eu lieu de la façon la plus claire qui soit, où les grandes gueules
se sont bouclées, les politiciens véreux se sont rangés, les grands
intellectuels ont joué à l’autruche et où les journaux partisans ont
montré patte blanche…
Pendant ce temps, dans une déclaration
tonitruante qui revêt un caractère historique et pourrait même secouer
le cœur d’une personne morte et enterrée, faire entendre un sourd de
naissance ou faire pleurer le Diable : « Nous avons été violés deux fois
» !
Ainsi s’est exprimée la mère de l’une des victimes de l’ignoble
« Daniel » ! La mère de « Omar » qui, dès que celui-ci appris la
nouvelle de la grâce accordée au monstre, a tenté de se suicider, comme
rapporté par différentes sources concordantes !...
Et toujours
pendant que les responsables étatiques ne savaient plus à quel saint se
vouer, on apprend la démission d’un conseiller communal dans la région
de Tétouan, ainsi que celle du président de la section de l’association «
Touche pas à mon enfant » à Kénitra, qui claque la porte de la
présidente et épouse du Pacha (qui avait fait une déclaration reçue avec
une vague d’indignation générale de la part des réseaux sociaux et de
la société civile). D’autre part et toujours par protestation contre la
mesure de grâce, une citoyenne marocaine résidant aux Pays-Bas et
bénéficiant de la double nationalité, adresse une lettre ouverte au
ministre de la justice et des libertés (je n’ose même pas imaginer de
quelles « libertés » il s’agit !), l’incitant à annuler sa nationalité
initiale, un citoyen qui aurait brulé sa carte d’identité à Fès, une
femme qui a déclaré « ma waldinch » (nous n’enfanterons plus), ainsi que
toute cette créativité et toute cette liberté retrouvées sur la Toile,
etc.
A sa sortie de prison, la première chose qu’aurait entreprise
le dénommé « Daniel » (selon l’avocat Hamid Krayri dans une déclaration à
Lakome), était de saisir le parquet de sa libération afin d’obtenir une
main levée sur ses biens à Kénitra (une façon de nous narguer davantage
et de s’absoudre de tout dédommagement qu’il devait verser aux victimes
de son acte barbare !). Ensuite, nul ne sait exactement et dans quelles
conditions ce criminel notoire à pu quitter le territoire marocain avec
un passeport périmé (alors même que certains autres bénéficiaires de la
fameuse mesure de grâce royale n’ont pas pu le faire jusqu’à présent
!!!). L’a-t-il fait par avion et avec le feu vert des ministères de la
justice et de l’intérieur ? Ou avec un laissez-passer des services
consulaires espagnols et à travers le poste frontalier de Sebta, comme
certaines sources le confirment ? En tous cas, le doute subsiste sur
cette affaire en raison du manque terrible de transparence et du mutisme
des responsables à tous les niveaux… Le fait est qu’on ait cru « se
débarrasser » de cette lourde créature abjecte, avant que les victimes
et l’ensemble de la population de Kénitra et du reste du Maroc, ne
prennent le relai d’une justice aveugle et totalement absente !
Mais là où la couche de brume s’épaissit, c’est quand les responsables
de l’Etat marocain entrent dans une valse de déclarations mitigées et
contradictoires frôlant parfois la caricature et ouvrant résolument la
voie à une solution du problème hors des frontières marocaines, dans un
pays (l’Espagne) où la vigilance de l’opinion et la transparence sont de
mise !
Dans ce cadre, voici quelques exemples de l’extraordinaire chaos qui caractérise les centres de décision au Maroc :
• Au début, une information a filtré comme quoi le dangereux criminel
gracié avait le cancer (ce qui aurait dicté cette mesure magnanime).
• Ensuite, le porte-parole du gouvernement déclare qu’il n’était pas au
courant de la mesure de grâce concernant le pédophile, mais qu’on avait
obligé celui-ci à quitter le territoire marocain. Ce qui ne peut que
provoquer une crise aigüe d’hilarité générale, tellement la
contradiction est flagrante entre « To Be » au courant des
responsabilités gouvernementales, ou « Not To Be » au courant !
•
Après ça (les langues semblent se dénouer), Mustapha Ramid, ministre de
la Justice, déclare au quotidien Akhbar Al Yaoum que « Daniel » avait
été extradé vers l’Espagne et était définitivement interdit d’entrer au
Maroc. Mais que gracier Daniel était « une décision souveraine » et que
si le Roi avait accordé sa grâce, qu’il devait certainement « avoir ses
raisons", affirmant enfin que cette situation le dépassait (A rappeler
que la commission qui a la responsabilité juridique de dresser les
listes des bénéficiaires de la grâce avant de la soumettre au Roi, est
composée notamment du ministre de la justice ou de son remplaçant et que
les dates de ses réunions et à part certaines occasions mentionnées par
le légiste, « sont décidées » par le ministre de la justice). Un
communiqué publié par le ministère de la justice expliquera que la
mesure de grâce royale entrait « dans le cadre des relations
stratégiques qui lient les deux pays amis». La grâce aurait donc été
décidée dans le cadre de la défense de « l’intérêt national » (rien que
ça ?)!!!
• Du côté espagnol et comme on devait s’y attendre dans
une monarchie où le Roi est parfois obligé de présenter des comptes au
peuple souverain, les médias ibériques n’ont pas tardé à récupérer
l’affaire malgré un calme précaire lors des 2 premiers jours qui
succédèrent à la mesure controversée de la grâce : le roi espagnol
ne serait intervenu qu’en faveur d’un seul détenu sur les 48 et qui en
tous cas n’est pas le concerné par le scandale ; le gouvernement
espagnol dément l’histoire de « l’intérêt national commun à Rabat et
Madrid » comme prétexte à gracier « Daniel » ; au cours d’une certaine
communication téléphonique, l’Espagne refuse catégoriquement que les
autorités marocaines impliquent le nom de Juan Carlos dans cette
affaire, etc. Une affaire qui, reprise dans un pays européen où les
questions de pédophilie sont largement dénoncées et où il n’est permis à
quiconque de jouer avec la dignité des contribuables, allait grossir à
vue d’œil !
• Le pire, c’est ce qui va suivre dans les prochains
jours ! Selon une dépêche du site du PSOE traduite par Zineb El Rhazoui
sur son mur du Face, « le Parti Socialiste Espagnol PSOE à travers Mme
Elena Valenciano vice secrétaire-générale et porte parole de sa
commission chargée des affaires extérieures du groupe parlementaire
socialiste, exhorte son gouvernement à donner des explications urgentes
au sujet des concertations avec le Maroc qui ont abouti au choix des
graciés, et qui est responsable de l’introduction du nom de Daniel Galva
Vineyard dans la liste, ce qu'elle considère comme un fait grave qui a
créé une énorme vague d'indignation au Maroc comme en Espagne.
Le ministre des affaires extérieures sera appelé à s'expliquer durant le congrès des députés programmé le Lundi 5 août 2013.
Elena Valenciano a préparé plusieurs questions écrites dont: "Quel ministre a suggéré le pardon pour ce criminel?"
Valenciano, qui considère très grave le fait qu'une personne qui a été
condamné à 30 ans pour avoir abusé de 11 enfants a été graciée! Et de ce
fait la nécessité d'une explication immédiate et à agir en urgence pour
réparer cette erreur ».
4 - Et pour ceux et celles qui ont la
mémoire courte, ce n’est ni la première, ni la dernière bourde du
pouvoir marocain dans ses relations avec l’Espagne ! La première grosse
bévue avait bien été l’affaire de l’ilot « Laïla », déclenchée par
l’Espagne coloniale à l’occasion du mariage du Roi du Maroc et alors
qu’on parlait beaucoup de l’axe Madrid-Washington lors de la guerre du
Golf. Ilot occupé par un commando espagnol après l’intervention
marocaine et dont on ignore jusqu’à présent le sort (du moins
officiellement), en raison du grand mutisme autour de cette affaire !
Et pour les grands défenseurs de la marocanité du Sahara, La seconde «
insanité » commise dans les relations maroco-espagnoles, est la gestion
de l’affaire de « Aminatou Haydar » et toute la publicité gratuite dont
elle a bénéficié de la part des autorités marocaines… Ceci sans oublier
le cumul des erreurs du Maroc concernant la drogue, les villes occupées,
la nécessaire ouverture à la société civile et aux médias espagnols,
etc.
Pour un observateur averti, la diplomatie marocaine donne
continuellement l’impression qu’elle est prise en otage de la part de
certaines forces obscures, qu’elle ploie facilement sous le poids de sa
consœur espagnole qui chaque fois qu’il le faut, sait employer les
grands moyens afin de mobiliser les lobbies et l’opinion publique
espagnols contre les intérêts du Maroc. Un véritable blocage dont la
seule explication possible était et demeure toujours malgré certaines
prérogatives accordées au gouvernement par l’actuelle constitution
marocaine, que celle-ci fait partie du domaine de « souveraineté » (je
ne sais ce que ça veut dire dans une véritable démocratie !)... Comme si
un seul homme –royalement servi par ce « gouvernement de l’ombre » qui
détient les véritables pouvoirs-, pouvait régler tous les problèmes de
politique extérieure du Maroc !
Un pouvoir démesuré que certains
acceptent sans rechigner et qui ne peut que conduire à une série de
bévues et de scandales sans fin, si celui-ci n’est pas géré
démocratiquement de la part d’un gouvernement représentant le peuple, ou
écarté par ce même peuple à la moindre défaillance !
D’ailleurs, en
parlant de pouvoir qui n’est pas géré dans le cadre d’un Etat de
justice et de Droit, Robespierre n’avait-il pas déclaré : « Celui qui
dit qu’un homme a le droit de s’opposer à la loi, dit que la volonté
d’un seul est au-dessus de la volonté de tous ». Le problème, est que
cette personne, quand elle est seule à décider de la vie et de la mort
de tout un peuple, risque un jour de se retrouver SEULE face à la
tornade… le gouvernement n’ayant qu’un rôle de subalterne et les partis
politiques ayant peur de se griller dans une affaire de morale défendue
par l’ensemble des familles marocaines. Résultat : pour la première fois
de sa vie et depuis son intronisation, le Roi du Maroc a du souffrir
d’un isolement total durant les 4 premiers jours de la crise déclenchée
par la mesure de grâce royale !
Aujourd’hui au Maroc, comme dans la
plupart des autres pays au sud de la méditerranée, le peuple est sorti
dans la rue pour la fin des autocraties régnantes, pour la dignité, la
liberté et la justice sociale. Et en raison de décennies d’asphyxie de
ces sociétés, le réveil tant attendu a parfois engendré d’innombrables
dégâts. Vus le degré de conscience des Marocains et la vigilance de la
société civile, je suis sûr que le corps du Maroc demeure sain et peut
échapper à la gangrène généralisée et au virus mortel ! Encore faut-il
et avant qu’il ne soit trop tard et que les armées de l’ombre et les
fous de dieu ne veuillent casser la baraque, que la monarchie marocaine
prenne conscience qu’il est désormais impossible de ramer à
contre-courant de l’Histoire et que le peuple mérite que Sa Souveraineté
lui soit rendue !
Et dans ce cas, ni le retour en force de la
répression et le matraquage des citoyens dans la rue pour le seul et
unique « délit » d’avoir voulu défendre la dignité de leurs enfants, ni
le quadrillage des champs politique et médiatique, ni l’humiliation
quotidienne dans les différentes administrations, ni l’oppression des
voix libres et seules garantes de l’avenir de la stabilité, n’arriveront
à calmer la furie d’un peuple tenu en esclavage !
Suite aux
premières manifs du 20 février, il aura fallu environ 20 jours pour que
le Roi prononce son discours sur le changement de la constitution. Cette
fois, en raison de la vague de protestations provoquée par la dernière
mesure de grâce, ainsi que de la bonne gestion de cette affaire de la
part des réseaux sociaux et de certains acteurs de la société civile,
cette durée a bien été divisée par 5 pour que la réaction du Palais soit
publiée à travers un communiqué du cabinet royal (suivi de beaucoup
d’autres dont le nombre dépassera probablement le chiffre 3 actuel)! Ce
qui est un véritable exploit qu’il faudrait approfondir d’un côté comme
de l’autre (tant du côté du peuple qui devrait demeurer vigilant, que de
la part du Roi qui sera obligé de tirer les leçons de l’affaire
DanielGate et être continuellement à l’écoute des citoyens et citoyennes
dignes et non plus de l’armée des vassaux. Un amas d’opportunistes qui
ne pourraient que lui nuire étant donné qu’ils ne défendent que de
propres intérêts qu’ils voudraient préserver éternellement et qu’ils ne
peuvent jamais se permettre de critiquer ouvertement les moindres actes
et lui éviter ainsi de tomber dans le piège de décisions dont il ne
pourra, tôt ou tard, qu’en assumer l’entière responsabilité!
5 - Ainsi jamais, au grand jamais, le Roi n’avait à justifier ses actes
comme il le fit cette fois, tant à travers des communiqués de son
cabinet, que par sa réception des familles des victimes de Daniel, que
par cette pauvre mesure d’écartement de l’un des piliers de son régime!
Et en général, l’Affaire DanielGate a révélé :
• Un grave dysfonctionnement au sein du Palais et l’absence d’un
mécanisme institutionnel de contrôle des actes du Monarque, ainsi que
l’urgence d’un débat profond sur une refonte totale de la constitution
vers une véritable démocratie parlementaire où le Roi (qui a reconnu
signer n’importe quoi et qu’il pouvait donc faire preuve
d’irresponsabilité !), n’aura aucun pouvoir exécutif.
• L’absence
totale du gouvernement et de son chef qui, depuis qu’il est là et dans
l’affaire Daniel en particulier, persiste et signe à ne pas appliquer
l’actuelle constitution, donnant l’impression d’être un simple clown de
service et « un Grand Vizir » de l’époque des Sultans omnipotents et
omniprésents sur la scène nationale et internationale.
• La
dramatique démission des grands partis politiques tant dans la majorité
que dans l’opposition (ce qui est assez grave pour la stabilité du Maroc
!).
• L’éveil de la société civile qui, plus que jamais, mérite son rôle de contre-pouvoir.
• La possibilité d’une forte mobilisation de l’opinion autour
d’affaires qui touchent directement la dignité de l’ensemble des
familles marocaines et non plus pour des questions nécessairement
politiques et stratégiques.
• L’effet (à retardement) des actions du
mouvement du 20 février, tant sur la mobilisation de l’opinion
publique, que sur les mécanismes de prise de décision. Occasion en or
pour que le peuple se réconcilie avec ce mouvement qui avait été taxé de
tous les noms (outil de propagande de Justice et Bienfaisance ou
d’Annahj, jeunes débauchés, etc.), à condition que le 20 février fasse
preuve de maturité et sache désormais choisir les batailles judicieuses
et les slogans largement fédérateurs.
• L’intégrité de certains
partis politiques (PSU en tête), qui méritent qu’on se mobilise autour
d’eux et qu’on renforce leurs rangs dans l’espoir de préparer une
alternance démocratique, tant aux islamistes de fin de la civilisation
et de l’enterrement des rêves d’émancipation des peuples, qu’aux partis
largement compromis du mouvement national et de l’administration Hassan
II-Basri
• La force de l’AMDH qui, pour la première fois de son
existence et afin de calmer sa furie dans l’affaire Daniel, reçoit
(indirectement) un cadeau de la part du Palais royal (l’écartement de
Benhachem qui faisait partie de sa liste de responsables d’atteintes
grave aux droits humains sous Hassan II)
• La naissance enfin d’une
opinion nationale au Maroc suivant les critères universels ! Le peuple
marocain, ayant crié haut et fort face à un monde qui désormais
n’éprouvera que du respect pour lui, que bien que ses responsables
gouvernementaux fussent pitoyables, qu’il était capable de s'assumer et
de défendre son honneur et sa dignité. LE POUVOIR AYANT COMPRIS QU’IL
AVAIT DES COMPTES A LUI RENDRE !
Et comme l’a noté Malika Filali,
une amie de ce monde virtuel qui était très présent dans la DanielGate,
l’Affaire qui nous intéresse aura créé « une chose encore improbable il y
a peu », « une chose qui ouvre des horizons au peuple marocain ». Ce
rêve jusque-là impossible qu’on est des CITOYEN(NE)S et que, comme tous
les peuples de la terre, on MERITE BIEN LA DEMOCRATIE !
En tous cas,
dans les prochaines années, les étudiants des grandes facultés de Droit
dans le monde, auront à débattre d’un cas qui est désormais entré dans
les annales de l’Histoire : la DanielGate !
• Comment et pourquoi un
pédophile notoire, avait-il été gracié, alors qu’il n’avait passé
qu’une infime partie de la durée de sa condamnation ?
• Avait-il
bénéficié de cette mesure en tant que pédophile ou en tant qu’espion à
la solde de l’Espagne (et peut-être aussi des Etats-Unis comme évoqué
dans le quotidien marocain « Al Massae ») ?
• La mesure de grâce,
pouvait-elle être révocable et l’était-elle vraiment dans la réalité, ou
n’avait-elle aucune consistance et aucun fondement juridique et
était-ce simplement une mesure prise à la hâte dans l’espoir de calmer
les esprits ?
• Les Marocains, pouvaient-ils la résilier autrement (peut-être en ayant recours à une jurisprudence extra-Etatique) ?
• Les Espagnols, ont-ils le droit de remettre Daniel aux autorités
marocaines, alors qu’aucun accord bilatéral ne le permette et vu que ce
criminel avait bénéficié d’une grâce ?
• Daniel, pouvait-il vraiment
purger le reste de sa peine dans une prison ibérique, alors qu’il
n’avait jamais été condamné pour un délit commis sur le territoire
espagnol ?
• Et enfin, il sera demandé aux étudiants des grandes
écoles de Droit dans le monde, de donner l’exemple d’un cas similaire de
casse-tête chinois, d’un imbroglio juridique sur lequel (j’en suis sûr
!) les plus grands spécialistes se penchent à l’heure qu’il est, tâchant
de trouver une issue à une situation, dont la seule responsabilité
incombe aux pouvoirs colossaux dont dispose le Roi du Maroc !
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